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CLÉ qu’il méditait , dans une conférence secrète qu’il eut avec lui dans une abbaye auj-rès de SL-Jean d’Angely , où il ’.ui promit la tiare , moyennant l’executioD de .six conditions, sur la nature desquelles les historiens varient. Ces anecdotes ont pour garant unique le témoignage de Viliani , auteur ultramuntain , fort intéresse à décrier les papes qui avaient abandonné le siège de Roine , et que des écrivains postérieurs ont copié sans beaucoup d’examen. Quelques critiques judicieux , tels que Baiuze, Fleury, llardiou , Bertier , n’ont pas une croyance aussi étendue à la véracité de Vilani.’Fleury observe que le décret d’élection ne parle d’aucun des faits racontés par cet auteur ; mais il paraît constant que les cardinaux , divisés en deux factions presque égales , et ne pouvant se décider a nommer un d’entre eux , aimèrent mieux faire choix d’un étranger. Les Colonna surent gagner Philippe- le-Rci en s’atlribuant tout le mérite de l’élection , et , de son côté, le roi ne négligea rien pour s’emparer de l’esprit du uouveau pontife. Le premier acte de Clément Y fut d’indiquer son couronnement à Lyon , ce qui indisposa beaucoup les Italiens. Celte pompeuse cérémonie , qui se fit le II novembre 1 5o5 , fut accompagnée d’événements que l’on regarda comme de funestes présages. Le pape, après son couronnement , retournait à son logis à cheval, la tiare en tète. Le roi de France avait d’abord tenu la bride du cheval ; ensuite ses deux frères , Charles de Valois, Louis d’Evreux, et en-Gn Jean, duc de Bretagne, s’étaient succédés dans celte cérémonie. Au moment où ce cortège passait à la descente du Gourguillon, une vieille muraille surchargée de spectateurs s’écroula ; le pape fut renversé , sa couronne se détacha de sa tête , un ru-CLt

bis précieux , ou cscarboude , fut perdu dans le tumulte ; le pape ne fut point blesse , mais douze de ceux qui l’accompagnaient furent tellement brisés qu’ils en moururent peu de jours après, entre autres le duc de Bretagne. Charles de Valoisfutatteiritgricvement, mab ne périt poiut. Dans un grand festin qui fut donnéquelques jours après, une violente querelle s’éleva entre les gens, et le frère du pape fut tué. Clément V ne tarda point a donner à Philippe des gages de sa reonnaissance. Il modifia la bulle Vnam sanctam, et révoqua celle qui commence par Clericis Z<wco5 : toutes deux étaient l’ouvrage de Bonifàce VIIL II ne se montra pas moins favorable au roi d’Angleterre Edouard, qui se plaignait de l’archevéque de Cantorbery. Clément fit venir ce prélat à Bordeaux, où il était retourne, et le suspendit de ses fonctions, jusqu’à ce qu’il se fut purgé des accusations intentées contre lui. 11 accorda également à Edouard une bulle qui le relevait du serment qu’il aviiit fait à ses sujets touchant leurs libertés. Il lui accorda encore des décimes pendant deux ans pour le service de la Terre-Sainte , et qui cependant furent employées à d’autres usages. 11 songea en même temps à ses propres intérêts. Voyant que les évêques d’Angleterre lui demandaient la jouissance, pendant un an, des églL^es qui vaqueraient dans leurs. diocèses , il s’appliqua à lui-même cette prérogative, et prit le revenu de la première année de tous les bénéfices indistinctement , depuis l’évêché jusqu’à la moindre prébende. Fleurv dit que ce fut là le commencement des annales. Les affeires importantes qui occupèrent ensuite le pontifical de Clément V se traitèrent à Poitiers, où le pape et Philippe s’étaient donné rendez-vous. La plus remarquable fut celle des templiers, que