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nationale parisienne. Il était un des grenadiers qui allèrent à Versailles, sous les ordres de Lafayette, dans la journée du 5 octobre 1789, afin d’y défendre la famille royale contre les brigands partis de Paris pour l’assassiner. On sait que tous les efforts de ces grenadiers et de leur général se réduisirent à sauver quelques gardes-du-corps, et qu’ils escortèrent ensuite Louis XVI, pour le ramener prisonnier dans sa capitale, et que ce prince ne cessa pas, dans ce lamentable voyage, d’avoir sous les yeux les têtes de ses gardes fidèles. Thiébault, ayant continué de faire partie de la même troupe, assista d’une manière à peu près aussi impassible à la funeste attaque des Tuileries, au 10 août 1792. Il se rendit aussitôt après à l’armée du Nord comme simple grenadier dans le bataillon de la butte des Moulins. La valeur qu’il déploya, dans le mois de novembre, aux affaires de Blaton et de Bernissart lui fit obtenir le grade de sergent. S’étant alors lié avec l’adjudant général de Jouy, cet officier, qui était employé à l’état-major de Dumouriez et qui, plus tard, est devenu un des premiers écrivains de notre époque, lui fut d’un grand secours pour son avancement. D’abord nommé lieutenant, puis capitaine aide de camp de Valence, Tbiébault était à côté de ce général, lorsqu’il fut blessé à la bataille de Nerwinde, le 18 mars 1793. S’étant enfui avec Dumouriez, le 1er avril suivant, lorsque ce dernier abandonna son armée pour passer à l’ennemi, il fut assez heureux pour rencontrer en Danemark l’envoyé de la République, Grouvelle, qui, en le prenant pour secrétaire, le sauva de toutes les conséquences de l’émigration alors si funestes. Dès que l’orage fut passé, il se hâta de revenir en France et y fut nommé adjoint de l’adjudant général de Jouy, puis employé à la défense de Valenciennes, du Quesnoy et au déblocus de Maubeuge. Il fit ensuite les campagnes de Belgique et de Hollande sous les ordres de Pichegru. Revenu dans l’intérieur, il prit part à la journée du 13 vendémiaire an iv, dans les rangs de l’armée conventionnelle, passa à l’armée d’Italie et prit part à la campagne de 1796, par laquelle Napoléon Bonaparte débuta dans sa glorieuse carrière. En 1799, il faisait partie de l’armée qui s’empara de Naples, sous Championnet, et il fut nommé adjudant général à la suite du combat qui eut lieu dans le faubourg de Capoue, livré aux flammes par les Français, pour mettre fin à la fusillade qui partait de toutes les maisons. L’année suivante, il était à Gênes avec Masséna. La valeur qu’il déploya dans plusieurs occasions, notamment à la prise du fort de Guezi, lui valut le grade de général de brigade. Plus tard il fut employé dans le corps d’armée destiné à envahir le Portugal ; mais cette expédition n’ayant pas eu lieu, il fut envoyé à la grande armée, et fit, sous les ordres de l’Empereur, la célèbre campagne d’Austerlitz. Au début de cette bataille, il s’empara du village de Pratten, et bientôt après commença pour sa brigade cette lutte, pendant laquelle trois mille cinq cents Français résistèrent aux efforts de vingt mille Autrichiens et Russes, qu’ils repoussèrent, et, en gardant les hauteurs, coupèrent en deux l’armée des alliés, et l’empêchèrent de reformer sa ligne de bataille, ce qui fut un fait décisif pour cette grande victoire. Vers