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au moins quant à la dernière, que les changements provenaient du fait de Marin (V. Marin, t. XXVII, page 158), ou de l’imprimeur Valade. Comme le comte d’Argental, le marquis de Thibouville fut constamment l’intermédiaire de Voltaire auprès des acteurs qui jouaient ses pièces. Il se chargeait, en un mot, de tout ce qui était relatif à leur représentation et même à leur publication. Nous n’en dirons pas davantage, tout le monde pouvant consulter les lettres du patriarche de Ferney. Thibouville lui survécut six ans, et ne mourut que le 16 juin 1784, à Paris, suivant les uns, et à Rouen suivant d’autres. Voici la liste de ses productions qui toutes ont paru sous le voile de l’anonyme : Iº Thélamire, tragédie en 5 actes, représentée le 6 juillet 1739, Paris, Le Breton (ou Prault, fils), 1739, in-8º et La Haye, Benj. Gibert, 1740, pet. in-12, édition où l’on a rétabli sur le manuscrit de l’auteur les vers supprimés dans celle de Paris. « Le plan de cette pièce, toute d’invention, quoiqu’un peu compliqué, offre de l’intérêt. La versification en est facile, mais faible[1]. » Elle n’eut que quatre représentations. Le chevalier de Mouhy assure qu’elle est de Mlle  Denise Lebrun : nous croyons qu’il se trompe. II. L’École de l’amitié, roman, Amsterdam, 1757, 2 vol. in-12. Collé prétend « qu’on n’a point lu ce roman et qu’il ne valait pas la peine de l’être. » Voltaire écrivait cependant à l’auteur, le 8 mai 1757 : « Votre roman, mon cher Catilina, fait les délices des Délices. » III. Le Danger des passions, ou Anecdotes syriennes[2] et égyptiennes, Paris, 1758, 2 vol. in-12. « Mme  Denis est malade, mon cher ami, écrivait encore Voltaire à Thibouville, je lui lis d’une voix cassée vos histoires amoureuses d’Égypte et de Syrie. Vous faites nos plaisirs dans notre retraite. » IV. Réponse d’Abélard à Héloïse (héroïde.) Paris, 1758, in-12. V. Namir, tragédie en 5 actes, représentée le 12 novembre 1759, non imprimée. Suivant Grimm qui traite cette pièce d’inisipide, la représentation n’en fut point achevée. Le Kain, qui remplissait le rôle principal, fut obligé, au milieu du quatrième acte, de s’avancer vers le parterre et de dire : « Messieurs, si vous le trouvez bon, nous aurons l’honneur de vous donner la petite pièce. » Le parterre ne se fit point presser. Fréron remarqua toutefois, dans l’Année littéraire, qu’il avait vu de plus mauvaises pièces accueillies avec plus d’indulgence. VI. Qui ne risque rien n’a rien, Paris, Vente, 1772, in-8º. VII. Plus heureux que sage. Ibid., id., id. Ces deux pièces qu’on peut appeler des Proverbes sont en vers et ont chacune trois actes.B—l—u.


THIEBAULT (Timothée-François), né en 1700, à Nancy en Lorraine, d’une famille très-nombreuse dans cette province (Voy. ci-après et Thiebault Dieudonné XLV, 406), fut fait, par le roi Stanislas, conseiller d’État et lieutenant-général au bailliage de cette ville. C’était un des jurisconsultes les plus habiles de son temps. Membre de l’académie de Nancy, il publia plu-

  1. Voy. Mémoires biog. et littér. sur le dép. de la Seine-Inférieure, par M. Guilbert. II, 393 et 394, où se trouvent cités quelques vers de Thélamire.
  2. Et non sérieuses, comme on le lit dans les dictionnaires de Chaudon, Feller et autres.