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ses ordres, quoiqu’il eût à peine atteint sa vingt-neuvième année et qu’il fût bien éloigné de l’âge requis par les statuts. Le ministre de la guerre donna connaissance de cette faveur au marquis de Bissy et à son père, par des lettres qui sont conservées précieusement dans la famille. L’affaire de Montalban entraîna la soumission de tout le comté de Nice, et l’on procéda aussitôt à l’investissement de Cony. Les Piémontais, ayant risqué une attaque pour dégager cette place, furent battus, et le marquis de Bissy se distingua encore dans cette occasion. Ce fut lui que le prince de Conti chargea d’en porter la nouvelle au roi, qu’il rejoignit à Strasbourg, où il venait d’arriver après la maladie dont il avait été atteint à Metz. Toutes les troupes que commandait le prince de Conti ayant été réunies à l’armée du maréchal de Saxe, le marquis de Bissy les suivit ; mais il n’arriva en Flandre qu’après la bataille de Fontenoi, qui avait été livrée le 30 avril 1745. Il assista à celles de Baucoux et de Laufeld. En 1747, il fut renvoyé sur le théâtre de ses premiers exploits, et désigné pour commander la cavalerie du maréchal de Belle-Isle. Dès l’ouverture de la campagne, il trouva occasion de se signaler. L’armée française, ayant passé le Var, se porta avec rapidité sur Nice, et la colonne de Bissy qui avait la tête de l’attaque engagea l’affaire avec tant de vivacité que le comte de Lintrum, général en chef de l’armée ennemie eut à peine le temps de sortir de Nice avec les cinq bataillons qui en formaient la garnison, non sans avoir perdu beaucoup de monde. Cette affaire ayant amené la première évacuation du comté de Nice, le maréchal de Belle-Isle se porta sur la rivière de Gênes pour forcer le général autrichien, de Schullenburg, à lever le siége de cette ville, dont la population, fatiguée des exactions autrichiennes, s’était révoltée contre la garnison et l’avait chassée de ses murs. Aussitôt que le maréchal en eut connaissance, il y envoya le marquis de Boufflers qui mourut subitement à Gênes. Bissy fut désigné pour le remplacer, mais les Anglais étant maîtres de la mer, il fut contraint de suivre la voie de terre, et ne parvint à son poste qu’après une marche pénible et difficile. « Les premiers soins (dit l’historien des Révolutions de Gênes), furent de réprimer les courses que faisaient les ennemis, qui occupaient encore divers postes au delà des montagnes. Il envoya des partis lever des contributions dans le Parmesan, le Montferrat et le Lortonois. Rassuré sur les dangers présents, il songea à prévenir ceux de l’avenir, et donna des ordres pour réparer et augmenter les défenses de Gênes et de ses postes extérieurs. Enfin il tourna son attention vers l’îsle de Corse, dont il n’avait pas été possible de s’occuper, tant qu’il s’était agi du salut de la capitale. » En conséquence, il fit passer en Corse le comte de Choiseul avec cinq cents hommes, qui battirent les rebelles aussitôt après leur débarquement, et leur firent lever le siége de Bastia. « Ainsi (continue le même historien) les affaires des Génois se rétablissaient partout. Les rebelles de Corse étaient réduits à la dernière extrémité, les Etats de la république étaient délivrés,