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blement jusqu’en 1814, où il mourut dans le moment où le retour du duc d’0rléans, qu’il avait autrefois connu à la société des Jacobins, lui aurait offert quelques ressources. Ce fut sa fille (Mlle  Félicité) qui en profita, en publiant sous ses auspices divers ouvrages de tachygraphie et en donnant à la duchesse et à ses enfants des leçons de cet art qui probablement lui furent bien payées.M—d—j.

THIARD (héliodore de), comte de Bissy, neveu de Pontus, évêque de Châlons (Voy. Pontus, etc. XLV, 389) était fils de Claude de Thiard, grand écuyer du Charolais, et de Guillemette de Montgommery. Il naquit au château de Bissy en 1558, et fut page du roi Charles IX en 1573, puis écuyer d’Henri III, et guidon d’une compagnie d’ordonnance, à l’âge de 17 ans. Au combat de Grésilles, il défendit son étendard contre huit soldats de la ligue, qui ne purent le lui arracher, et, dans cette lutte, il reçut plusieurs blessures. Successivement capitaine de cinquante, soixante et cent hommes d’armes, il se distingua dans tous les combats que les troupes du roi eurent à soutenir contre la ligue. En 1591, le baron de Vitteaux, gouverneur de Verdun-sur-Saône, seule place forte de la Bourgogne, se laissa enlever cette forteresse par Guionville, un des chefs de la ligue, mais, peu de temps après, ayant réuni quelques troupes d’infanterie, il s’y introduisit par escalade pendant la nuit, et s’en rendit maître. Mais cette place était dénuée d’artillerie, de munitions, et les fortifications en étaient très-délabrées. Les finances du roi n’étant pas assez florissantes pour qu’il pût y subvenir, le comte de Bissy, résolut d’y suppléer par ses propres ressources, et il se procura à cet effet tout l’argent nécessaire. Nous croyons devoir donner textuellement l’arrêt en vertu duquel cet argent lui fut rendu par ses héritiers. C’est une pièce curieuse et importante dans l’histoire.[1] Bientôt la pla-

  1. A tous ceux qui ces présentes verront, les gens tenant les requêtes du palais et conseillers du roi notre sire en sa cour du parlement, commissaires en cette partie, salut, comme différend ait été par devant nous entre messire Pontus de Thiard, ancien évêque de Chalons-sur-Saône, conseillers du roi en son conseil d’état privé, et son aumônier ordinaire en son nom et comme tuteur des enfants mineurs de feu Héliodore de Thiard, chevalier, seigneur de Bissy, son neveu, lieutenant et gouverneur pour le roi à Verdun, demandeur d’une part ; et messire Guillaume de Gadagne, chevalier aussi conseiller roi, seigneur de Bothéon et de Verdun, sénéchal de Lyon, tant en son nom que comme héritier de défunt Gaspard de Gadagne son fils, défendeur, d’autre part ; pour raison de ce que le sieur demandeur disait que le sieur de Bissy ayant été établi par le roi, gouverneur et capitaine de la ville de Verdun sur Saône, la plus importante place qui tint en Bourgogne pour ledit roi, icelui sieur de Bissy aurait été nécessité, trouvant ladite place toute nue, icelle munir de canons, artillerie et toute espèce d’armes et munitions, et ce à ses propres frais : les affaires du roi ne permettant pas de bailler deniers à cet effet, si bien et si opportunément pour la conservation d’icelle au service du roi, et pour le défendeur qui en est seigneur domanial, que en icelle aurait soutenu deux siéges signalés, et par eux causé la ruine de la ligue en Bourgogne, serait revenu au mois de juillet 1593, qu’icelui seigneur de Bissy en une charge contre les ennemis du roi, fut blessé à mort, fait prisonnier de guerre et décédé en leurs mains. Incontinent après son décès, le sieur de Tavannes, lieutenant pour le roi en Bourgogne, s’achemine ès ville et château de Verdun pour donner ordre à la conservation d’icelle, ce qu’il ne pouvait faire sans retenir les canons, armes et munitions y étant, desquels fut fait inventaire, à la réquisition du demandeur, par commandement et en présence dudit sieur de Tavannes; et d’autant que lesdits canons armes et mu-