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gneur l’évêque d’Amiens, un volume in-8º intitulé, le Livrer de sainte Theudosie. C’est dans cet intéressant ouvrage que nous avons trouvé, avec la description de cette fête religieuse, digne des plus beaux temps de notre histoire, une savante notice sur sainte Theudosie, composée par M. l’abbé Ph. Gerbet, alors vicaire général d’Amiens, et aujourd’hui évêque de Perpignan. Sans doute qu’il nous sera permis, pour compléter notre insuffisante esquisse, d’emprunter l’épilogue de ce beau monument de piété, d’éloquenoe ; et, que dans l’intérêt de l’histoire, Monseigneur de Perpignan ne trouvera pas mauvais que nous ayons pris cette liberté.

« La beauté d’une fête ne résulte pas seulement de ce qui frappe les yeux : elle dépend aussi d’un autre spectacle, que les réalités visibles découvrent à l’âme. Il faut que la pompe matérielle, nécessairement renfermée dans d’étroites limites, ouvre, à la pensée un grand horizon dans les lieux et dans les temps. Tel est le caractère de la solennité qui vient de s’accomplir à Amiens. Elle a figuré, à un degré bien remarquable, la perpétuité religieuse. En rapprochant les nefs de notre cathédrale des vieux arceaux des catacombes, elle nous a fait parcourir toute la durée des siècles chrétiens ; car il n’y a pas de solution de continuité dans l’histoire des saints ; elle n’est ni bornée, ni interrompue, elle est imminente. L’histoire de l’Église nous fait contempler ce qu’on pourrait appeler la grande procession de la sainteté dans le temps. Les martyrs des premiers siècles, dont sainte Theudosie a été la contemporaine, sont les chefs de file de cette longue suite d’âmes héroïques, qui se sont passé, de siècle en siècle, le flambeau de la vie divine allumé au Cénacle. A l’ombre de l’enseignement qui conserve invariablement la foi, il y a dans l’Église une transmission inaltérable de sainteté ; et le culte perpétuel des saints est lui-même une des garanties de la perpétuité de la foi. A mesure que chaque âge en produisait de nouveaux, comment l’Êglise universelle se serait-elle accordée à répudier les croyances des hommes auxquels elle venait d’élever des autels ? Si l’on a toujours aimé les saints, d’un amour véritable et fécond qui a continué leur esprit et leurs œuvres, c’est qu’on a toujours cru aux vérités qui ont fait les saints. La tradition des dogmes a été scellée dans les cœurs par la tradition de l’amour. — Voilà ce que nous a rappelé la solennité de sainte Theudosie. Aux yeux de quiconque sait réfléchir, sa petite châsse conserve le reflet de la foi et de la sainteté de tous les siècles chrétiens qui nous ont précédés, comme ces feuilles merveilleuses, sur lesquelles le soleil trace lui-même des images, gardent l’impression ineffaçable de ses rayons disparus. La perspective qu’elle nous ouvre dans le temps se combine avec d’autres aspects, qui embrassent une vaste étendue de contrées et d’églises contemporaines. Il faudrait remonter bien haut pour retrouver dans une cérémonie religieuse une aussi imposante réunion d’évêques de divers pays. C’était comme un grand concile que la châsse de sainte Theudosie avait convoqué et que la piété avait rassemblé autour d’elle. Nous avons été plus heureux que ne le furent nos pères, lors de la translation solennelle des reliques de saint Fir-