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siége. Il avait même prévenu, par une vigoureuse lettre pastorale du 11 février 1791, les fidèles de son diocèse contre les innovations de l’assemblée nationale. Mais comme sa présence importunait les perturbateurs, on employa la terreur et les menaces pour l’éloigner. Un attroupement de séditieux se rassembla de nuit autour de sa demeure, en proférant contre lui des cris de mort. Le lendemain, le directoire du département l’invita à sortir dans le jour de la ville de Blois, et dans deux jours de l’enclave du département. Il se retira d’abord en Savoie et publia de Cbambéry, le 25 juin 1791, une lettre longue et motivée contre l’élection de Grégoire et contre ses adhérents. Ce qu’il y eut de singulier, c’est qu’à la même époque Grégoire affecte de faire en chaire l’éloge d’un évêque que son intrusion avait forcé de s’expatrier. De Cbambéry, Thémines passa en Espagne où il habita la ville de Saint-Sébastien. Il y trouva son ancien collègue, S. E. Mgr  de la Neuville, évêque de Dax. Ces deux prélats ainsi réunis se consacrèrent avec un noble empressement, au soin de consoler et de secourir tous les Français que la persécution avait chassés de leur patrie. L’armée républicaine ayant pénétré, en 1792, en Espagne, les émigrés furent forcés de s’éloigner de la frontière. Thémines, s’était retiré à l’intérieur du royaume, dans un couvent. Là il édifia tous les religieux par sa profonde piété ; et lorsqu’une autre invasion l’obligea de chercher un asile en Angleterre, des regrets touchants et unanimes l’accompagnèrent à son départ. Il était encore en Espagne, à Pontevedra, lorsqu’il écrivit le 21 octobre 1801, au pape Pie VII, qu’il le priait de le regarder comme démis de son siége, si la plus grande partie de ses vénérables collègues lui avaient fait le sacrifice de leurs chaires. Ce sacrifice avait été fait, et cependant il s’engagea de nouveau dans une voie d’opposition et de résistance ; il fut le reste de sa vie un des plus opiniâtres adversaires du concordat de 1801. On a dit souvent qu’un pareil traité qui créait, en quelque sorte, une nouvelle Eglise de France sur les débris de l’ancienne, n’avait pu être conclu qu’en violant toutes nos libertés. C’est là une erreur trop facilement adoptée par l’irréflexion, et qu’ont également propagée par une bizarrerie inconcevable ceux qui tiennent à ces maximes et ceux qui les rejettent. Pour avoir une juste idée de nos antiques libertés, il faut consulter Bossuet, plutôt que les compilations sans autorité des Fevret et des Pithou, qu’a toujours repoussées l’épiscopat français. Or Bossuet, dont on ne récusera pas l’autorité, dit formellement, dans sa Déclaration du clergé de France, que malgré tous nos canons et toutes nos coutumes, malgré toutes nos libertés, il n’est rien dans tout le droit ecclésiastique que le pape ne puisse faire, quand la nécessité le commande. Et en s’exprimant ainsi, il n’est pas moins l’interprète du bon sens que de la plus pure doctrine et de la plus saine tradition. Si les lois sont faites, non pour le mal, mais pour le bien, elles laissent par la même au pape le droit et le pouvoir d’examiner dans quel cas elles sont nuisibles ou profitables, et dans quel cas aussi, par conséquent, il peut s’élever au-dessus d’elles sans les violer. Au reste les