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Rome, une des meilleures pièces qui aient été publiées sur ce grand sujet. Elle valut à l’auteur une gratification impériale qui surpassa celle du prince Eugène. Mais déjà le trône de Napoléon semblait fort ébranlé, et toute la France attendait dans l’anxiété l’issue de la crise dont il était menacé. Enfin le 31 mars 1814 vit entrer les armées coalisées dans Paris, et une grande partie des habitants arbora la cocarde blanche. Théaulon ne fut pas des derniers à se ranger du parti royaliste, et il composa la première chanson qui ait été faite en l’honneur des Bourbons. Louis XVIII était à peine entré dans la capitale, qu’il fit représenter avec M. Dartois les Clefs de Paris, ou le Dessert de Henri IV, trait historique en vaudeville. Il donna encore dans cette même année plusieurs pièces du même genre, et dans toutes il montra pour la cause royale un très-grand dévouement ; ce qui le plaça dans une position embarrassante quand Napoléon revint de l’île d’Elbe, en 1815 : toutefois il se fit inscrire sur la liste des volontaires royaux, et n’hésita pas à suivre le roi à Gand ; Il ne fit cependant aucun service militaire auprès de S. M., et se borna, pendant son séjour dans la Belgique, à concourir à la rédaction d’un journal intitulé le Nain rose, qui n’eut que quelques jours d’existence. Lors du retour du roi, Théaulon le précéda de quelques heures à Paris, et il y fit afficher en même temps que la déclaration de Cambrai, et sortant des mêmes presses (voy. Talleyrand LXXXIII, 157), une espèce de proclamation dont le titre était : Voici le Roi. Cette annonce de l’arrivée du monarque dans la capitale fut d’un très-bon effet, et ce fut, de la part de Théaulon, un acte de dévouement et de courage incontestable. Nous ignorons s’il en fut récompensé convenablement. Depuis ce second retour de Louis XVIII il donna encore, pour la même cause, un grand nombre de pièces de théâtre. Sa fécondité était telle qu’il eut part dans la même année à plus de cinquante productions dramatiques, dont il composa notoirement la plus grande partie. En 1820, à l’époque de la naissance du duc de Bordeaux, il fit un tour de force encore plus remarquable ; ce fut de donner le même jour aux trois principaux théâtres, une pièce différente, savoir à l’Opéra Blanche de Provence en trois actes avec M. de Rancé ; au théâtre-Français, Jeanne d’Albret ou le Berceau, en un acte avec MM. Carmouche et Rochefort ; à l’0péra-Comique, le Panorama de Paris, ou c’est Fête partout, avec M. Dartois. Cette fécondité ajouta beaucoup à sa réputation, et lui fit enfin accorder en 1823 la croix de la Légion-d’Honneur. Il obtint à la même époque un triomphe plus éclatant, et que l’on pourrait nommer exotique ; ce fut d’être appelé à Berlin pour y faire le poème d’un opéra, dont Spontini composa la musique, et qui fut représenté à l’occasion du mariage du prince Royal. Ce grand événement ayant été retardé, le séjour de Théaulon en Prusse se prolongea longtemps ; mais il en revint comblé de présents et d’honneurs. A son retour il fit un voyage en Provence et en Languedoc, où il alla pour la dernière fois visiter sa famille. C’est alors qu’il fit jouer à Toulon Owinska, ou la Guerrière polonaise. Revenu à Paris, il y reprit ses travaux dramatiques jusqu’à la révolution de