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arrière-garde… » Le roi de Naples qui se trouvait près de là, et qui depuis longtemps connaissait Tharreau, accourut à lui, dans le moment décisif, et ayant reconnu à quel point son projet était bien conçu, lui en fit compliment, et se rendit auprès de Junot, pour l’y faire consentir ; mais ce fut en vain ; rien ne put convaincre ce général. On a reconnu plus tard que, dès lors, il commençait à être atteint du mal qui a terminé sa vie. Ainsi le malheureux Tharreau vit échapper une occasion du plus bel exploit qui eût illustré sa carrière. Il se résignea, reprit tristement le chemin de Moscow, et trois semaines après il était blessé à la jambe dans la sanglante journée de la Moscowa ; et n’ayant pas voulu se retirer il était frappé d’une seconde balle qui lui traversa la poitrine. Il mourut glorieusement sur le champ de bataille, comme tant de fois déjà il avait pensé mourir.M—dj.


THÉAULON (Marie-Emmanuel-Guillaume-Marguerite de Lambert), l’un des auteurs dramatique les plus féconds de notre époque, né à Aigues-Mortes le 14 août 1787, de la même famille que l’archichancelier Cambacérès, fut destiné au barreau, dès l’enfance, et envoyé à Montpellier pour entrer dans cette carrière. Après avoir fait ses premières études au lycée de cette ville, où il fut admis par le moyen d’une bourse que lui fit obtenir l’archichancelier, il fut placé chez un avocat de Nismes, pour y recevoir les premiers éléments de cette profession. Mais il s’en dégoûta bientôt, et, entraîné par son goût pour la poésie, il composa quelques pièces de vers assez remarquables, entre autres une ode sur la victoire d’Iéna, que venait de remporter Napoléon. Le succès qu’il obtint par ce début lui fit concevoir l’espérance d’en obtenir de plus considérables. Comprenant que cela serait difficile dans la province qu’il habitait, il se munit de bonnes lettres de recommandation pour son illustre cousin, et s’achemina vers la capitale, où il arriva vers la fin de 1808. C’était le temps où sa Majesté Impériale s’occupait de bien autre chose que de poésie. Théaulon ne fut pas aussi promptement accueilli que sa position l’exigeait ; et en attendant Cambacérès ne put faire mieux que de lui obtenir une commission d’inspecteur des domaines. Peu satisfait d’une aussi mince faveur, il ne se rendit pas au poste qui lui était assigné ; et s’étant dès lors lié avec plusieurs auteurs dramatiques, notamment M. Dartois, ils composèrent ensemble, pour le théâtre du Vaudeville quelques pièces qui réussirent assez bien, entre autres les Fiancés, les Femmes soldats, les Femmes volantes Ce succès ne suffisant pas à l’ambition ou peut-être aux besoins de l’auteur, il partit pour l’Allemagne, où une commission d’inspecteur des hôpitaux militaires lui fut donnée, toujours par la protection de Cambacérès. Cette fois il n’hésita pas à l’accepter, et, après quelques mois d’exercice, il passa en Italie en la même qualité. Pendant son séjour à Milan il fit représenter un vaudeville, à l’occasion du retour de l’armée, qui revenait triomphante de Wagram, ce qui lui valut, de la part du prince Eugène, une gratification de cinquante napoléons, dans une belle boîte ornée de son chiffre. Cet encouragement ne fut pas perdu ; Théaulon se hâta de revenir à Paris, et il y composa, sous le titre d’ode sur la naissance du roi de