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avait paru dans son pays sur l’économie rurale, il fut peu satisfait des systèmes allemands, et recourut aux ouvrages anglais, où il trouva ce qu’il désirait. Dès ce moment toute son existence appartint à l’agronomie. En 1794, il publia son Introduction à l’étude de l’agriculture anglaise, dont le succès surpassa son attente. Ayant renoncé à la pratique médicale, il ne voulut plus être que consultant ; donna tous ses soins à l’exploitation d’une petite propriété qu’il possédait près de Celle, et fit paraître une espèce d’ouvrage périodique sous ce titre : les Annales d’agriculture de la Basse-Saxe. Il commença aussi alors son institut pour l’instruction des agriculteurs, devenu si célèbre. Lorsqu’en 1803, les Français occupèrent l’électorat d’Hanovre, ne pouvant supporter la présence des étrangers dans sa patrie, Thaer accepta l’offre qui lui avait été faite de se rendre dans les États prussiens, et il y reçut le titre de conseiller privé au département de la guerre ; puis il fut nommé membre de l’Académie des sciences de Berlin, et continua les Annales d’agriculture, qu’il avait commencées à Celle. Ce journal parut sous son nom jusqu’à l’année 1824, époque à laquelle l’Académie d’agriculture de Berlin se chargea de sa publication. Voulant qu’il unît la pratique à la théorie, le roi de Prusse lui donna en ferme une partie du bailliage de Wallup sur l’Oder, afin qu’il y poursuivît son institut agricole. Mais comme, suivant les vues du célèbre agronome, le terrain extrêmement fertile de ce bailliage ne convenait pas à un établissement qui devait servir en même temps de ferme expérimentale et modèle, il vendit cette ferme et acheta avec le prix qu’il en reçut la terre de Mœglin, où il fonda l’institut agricole qui devait tant ajouter à sa célébrité. Cet établissement s’ouvrit en 1806 dans les circonstances les plus difficiles. Il eut néanmoins dès lors un très-grand succès, et l’année suivante le fondateur obtint le titre de conseiller d’État. En 1810, lors de la création de l’université de Berlin, Thaer fut nommé professeur d’agriculture et en même temps rapporteur de tous les objets d’agriculture auprès du ministre de l’intérieur. Dans la même année il donna ses Principes raisonnés d’agriculture, ouvrage dont le mérite a été partout reconnu, et qui a été traduit dans la plupart des langues de l’Europe. En 1815, il devint intendant général des bergeries royales ; et deux ans après, le roi lui conféra l’ordre de l’Aigle-Rouge, 3e classe. En 1823, il provoqua l’assemblée qui fut réunie à Lepzig pour l’examen des laines. Ce fut l’année suivante qu’il célébra un jubilé en commémoration de sa réception au doctorat qu’il avait obtenu un demi-siècle auparavant. Cette fête fut un hommage éclatant rendu à ses services. Le roi de Prusse lui fit exprimer sa parfaite satisfaction, et les rois d’Angleterre, de Bavière, de Saxe et de Wurtemberg, lui envoyèrent des décorations avec des lettres pleines de bienveillance. Ses nombreux amis et ses élèves lui témoignèrent leur estime et leur reconnaissance par les démonstrations les plus vives. La classe des cultivateurs elle-même lui envoya une députation, pour le remercier des services qu’elle avait reçus de lui. Plus tard Thaer a toujours parlé avec une