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à Avignon, pour l’informer que l’empereur Louis V (Voy. ce nom, XXV, 97) refusait de reconnaître la suprématie de la cour de Rome. Albert vivait en 1378, année où finit sa Chronique, qui commence en 1270, à l’avènement au trône de Rodolphe de Habsbourg. Elle est écrite avec franchise ; et l’on y trouve des détails précieux pour l’histoire de l’Allemagne, de la Suisse et de l’Italie. Cuspinien en a publié des fragments à la suite de son Austria (Voy. Cuspinien, X, 384). Urstitius l’a donnée en entier dans ses Scriptores Germanici, II, 97, d’après deux manuscrits, dont l’un était sans nom d’auteur, et dont l’autre, tiré du couvent d’Ebersheim, portait celui d’Albert. Le savant Schoepflin ayant découvert une copie de cette chronique, avec le nom de Mathias, parmi les manuscrits de Bongars, à Berne, avait promis d’en donner une nouvelle édition dans les Scriptores rerum alsaticarum ; mais ce projet est resté sans exécution. Sinner a publié, d’après ce même manuscrit, ce qui concerne la Suisse, dans son Catal. codd. Bernens, déjà cité. Dans l’édition d’Urstitius, la Chronique d’Albert est suivie d’un opuscule du même auteur : Commentarius de vita et rebus gestis Bertholdi II a Buchecke, Argentin, episcopi. Cette vie, qui renferme des documents intéressants, a été mise à contribution par Schoepflin et les autres historiens de l’Alsace. W—s.

ALBERT (Antoine), né à Carcassonue, le 17 janvier 1708, fut docteur en droit civil et canonique, médecin pensionné du roi, ainsi que de la province du Languedoc, pour les heureuses découvertes chimiques qu’il fit concernant la teinture. Une décision du conseil municipal de Carcassonne, du 23 juin 1782 (Journal anecdotique de Castelnaudary, 21 janvier 1824), fit placer son portrait dans la salle de ses séances comme un monument de la reconnaissance publique, avec cette honorable inscription : Défenseur des droits et privilèges de la communauté. Il mourut le 23 juillet 1791. z.

ALBERTAS (le marquis Suzanne d’), fils du premier président à la chambre des comptes de Provence, qui fut assassiné à la suite d’un repas qu’il avait donné aux habitants de son pays, le 14 juillet 1790, naquit à Aix vers 1750. Bien que très-opposé au système révolutionnaire et possesseur d’une grande fortune, il n’émigra pas, comme la plupart des nobles de sa province ; et, ce qui est plus étonnant, il ne fut pas une des victimes du règne de la terreur ; sa fortune s’accrut, lorsque tant d’autres disparaissaient. D’Albertas ne remplit cependant aucune fonction civile ou militaire ; il refusa même obstinément de brillantes propositions que lui fit Napoléon. Ce ne fut qu’en 1814, après le rétablissement des Bourbons, qu’il accepta de Louis XVIII les fonctions de préfet des Bouches-du-Rhône. Il les exerçait encore dans le mois de mars 1815, à l’époque du retour de Napoléon de l’île d’Elbe. Il n’hésita point à se prononcer pour la cause du roi. Lorsque le duc d’Angoulême traversa la Provence pour marcher vers Lyon, il eut beaucoup à se louer du zèle du marquis d’Albertas, qui lui fournit de nombreux secours en hommes et en approvisionnements, et lui envoya même son fils aîné, qui fit cette courte campagne à l’armée royale en qualité de capitaine d’artillerie. Après l’entrée de Napoléon à Paris, le maréchal Masséna destitua d’Albertas, qui