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ZOR enfin ses prophéties. Il est facile de répondre à la première de ces objections : la grotte fjui sert d’asile au futur législateur n’a point seulement pour destination de le soustraire aux regards pendant dix ans, afin de faire croire au vulgaire qu’il a passé ce temps en conférences avec Ormuzdj cette grotte est un laboratoire de chimie , un observatoire astronomique , un cabinet d’études : c’est là qu’il écrit la loi divine ; c’est de là qu’il contemple les astres ; c’est là qu’il prépare les compositions chimiques qui doivent le préserver du feu et le faire paraître invulnérable aux yeux même des sages ses antagonistes. Porphyre, qui le décrit d’après Eusèbe ( de Antro Nyinpharum ) , le présente comme plein de représentations symboliques des éléments et distribué par zones qui imitent les zones terrestres. Les monuments égyptiens abondent en efligies de ce genre , et l’on peut y comparer l’antre des Brachmancs , où l’on allait adorer les images des dieux. Ajoutons à cela que cette grotte, emblème du monde, ou grotte cosmique, se rapportait particulièrement aux mystères de Mithra , comme nous lie prouverons ci-dessous, et l’on conviendra dès-lors qu’un sage, qu’un philosophe put fortbien s’ensevelir dans la retraite sans songer à se faire passer pour un dieu. Mais telle a toujours été la manie de ceux qui prétendent assigner des causes aux démarches des grands hommes : Empédocle , osant descendre dans le cratère de l’Etna , est un insensé qui veut faire croire au monde qu’il a été enlevé au ciel ; Zoroastre, allant étudier dans la solitude , n’agit que pour abuser par le même mensonge ses crédules compatriotes I Répudiant cette vaine supposition , voyons s’il ZOR 457 en sera de même des autres faits allégués. Oui, certes, Zoroastre publia qu’il avait conversé avec Ormusd ; oui , certes , il s’annonça comme apte à faire des miracles , et il en fit aux yeux de toute la cour. Mais souvenons-nous que ces miracles, dont la science formait alors la magie , nom long-temps auguste et vénéré chez les Orientaux , n’étaient que des faits naturels alors inconnus du vulgaire, et produits par des opérations soigneusement cachées à l’œil des profanes , c’est - à - dire des ignorants. Mêmes réflexions sur ce que l’on nommait prophéties, divination, etc. Originairement ce n’étaient que les prédictions des phénomènes astronomiques, quelquefois les prévisions d’une intelligence plus habile que la foule à juger les effets et les causes, à percer le dédale du cœur humain , à saisir les mystères et les mouvements de la politique. Dans la suite qs astronomes , ridiculement entêtés des chimères de l’astrologie, y firent aussi entrer cette science illusoire. Manquèrent-ils de bonne foi ? Non, et quoiqu’ils n’eussent point de conversation réelle avec les dieux ou des génies supérieurs, ils purent croire que, grâce à ces connaissances sublimes , ils entraient en commerce réglé avec les intelligences d’un monde meilleur, et que chaque trait qu’ils ajoutaient à la somme de leurs notions était une révélation intérieure de la Divinité. De là à dire et à proclamer comme réalité ce qui primitivement n’est qu’une abstraction , une audacieuse figure de rhétorique ou une équivoque, il n’y a qu’un pas ; et celte imposture était au plus un charlatanisme nécessaire aux yeux des hommes qui voulaient discipliner des masses aveugles et grossières , sur lesquelles ils croyaipnt ne pouvoir