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44^ m : tant les relations perpe’tuelles, exactes , incontestables entre les systèmes astronomiques et religieux , est - il évident que les noms des étoiles et des constellations soient antérieurs à ceux des personnages homonymes ? et Zéréllioclitro, par exemple, vient-il de Zéré-Techtré , plutôt que Zéré-Techtré de Zéréthoclitro ? Certes, ce n’est point à la simple inspection des noms qu’on peut décider ce point • et si , dans le cas actuel , il arrive que nous donnions la priorité chronologique à l’étoile sur l’homme qui en porte le nom _, ce ne sera point en vertu de ce principe vrai dans quelques occasions , mais ridicule dans sa généralité, que tout fondateur ou réformateur de religion est un être imaginaire , et n’a qu’une réalité astronomique. On nous demandera peut-être comment, supposé que Zoroastre ait existé , il peut se faire qu’il y ait une connexion si singulière entre le sens de son nom et le rôle qu’il joue dans l’Iran. D’abord cette connexion n’est que médiocrement singulière, et nous voyons souvent les rois , les grands ou les sages de la Perse porter des noms où entrent comme éléments des idées de soleil , de lumière , d’astre , de pureté ou de force. C’est ainsi que les Grecs , adorateurs de Jupiter , d’Apollon et de Mercure, commençaient souvent leurs noms par les syllabes Hermo ,... ApoUo..., Dio.... et quelquefois le hasard faisait que ces noms convenaient parfaitement à leur profession , à leur caractère ou aux circonstances saillantes de leur vie. Ne pourrait- on point aussi soupçonner que le mot de Zoroastre^ comme ceux de Pharaon , d’Émir , de Chah , est moins un nom propre qu’une dignité. Cette dignité fut peut-être hiérarchique ou même mythique, ZOR ainsi que pourrait l’indiquer le ti à’Helius ( on sait qu’en grec HXioç veut dire soleil ) , donné dans les mithriaques à une classe d’initiés. Enfin, et cette opinion est celle à laquelle nous devons nous arrêter , il est extrêmement probable que notre législateur ne porta point originairement le nom sous lequel il se rendit si célèbre, mais qu’il s’en revêtit dans le temps où il se préparait à opérer la rénovation religieuse de l’Iran. Grégorio dit formellement que son nom véritable était Mo^ , assertion que certes nous n’adoptons pas, et qui peut-être n’a d’autre fondement que la ressemblace des syllabes mog et mag ; mais cela prouve clairement que, dès les temps anciens , on avait soupçonné que Zoroastre n’est point le premier nom du réformateur. Peut - être fut - ce quelque temps un surnom que peu-à-peu l’on s’habitua à substituer à un nom plus ancien, que par une raison quelconque on évitait de prononcer. Au reste, quelle que soit l’hypothèse la plus plausible, toujours est-il que le sens naturellement astronomique du mot Zoroastre ne prouve rien contre l’existence d’un législateur et d’un sage de ce nom. En revanche , il ne prouve rien non plus en sa faveur. Essayons maintenant de sortir de cette indécision , et d’atteindre par quelque moyen direct à une espèce de certitude. L’établissement du magisme , même avec les formes dites zoroastériennes , n’est point une démonstration suffisante j car ce culte peut avoir été fondé par d’autres que par l’homme auquel les fils des mages en font honneur. Mais les livres zends , que lui attribue d’un commun accord l’Asie occidentale , nous mèneront peut-être à une con-