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tragédie d’Andromache de Brisset, qu’il avait vue manuscrite. Cette pièce n’a point paru. Brisset vivait encore en 1595. W — s.

BRISSON ( Barnabé ), fils de François Brisson, lieutenant au siège royal de Fontenay-le-Comte, s’adonna à la jurisprudence, et fut avocat au parlement de Paris ; il se distingua tellement dans sa profession, que Henri III avait coutume de dire « qu’il n’y avait aucun prince dans le monde qui pût se vanter d’avoir un homme aussi savant que son Brisson. » Brisson fut avocat-général au parlement de Paris, en 1575, et président à mortier en 1585. Henri III, qui , quelque temps auparavant, l’avait nommé conseiller d’état, lui confia plusieurs négociations importantes, et l’envoya en ambassade en Angleterre. Ce fut à son retour que, par ordre du roi, Brisson composa le recueil connu sous le titre de Code de Henri III, 1587, in-fol. Frérot en donna une nouvelle édition en 1611 , et Charondas, en 1615 ; celle de La Rochemaillet, qui est la 5e., date de 1622 ; elle est augmentée de plusieurs ordonnances et de notes, tant de Charondas que de Tournet. Le rédacteur ne fut pas plus de trois mois pour ramasser tant de matériaux, et leur donner la belle disposition qu’ils ont. Brisson fut président de la commission établie sous le nom de chambre royale, pour faire le procès aux partisans qui avaient contribué à ruiner la France. Henri III ayant quitté Paris après la journée des barricades, qui eut lieu le 12 mai 1588, les seize, forts de la faiblesse du monarque, traînèrent à la Bastille, le 16 janvier 1589, le président de Harlay et plusieurs autres membres du parlement. Le roi, par un édit de février de la même année, transféra le parlement à Tcurs; plusieurs membres s’y rendirent ; mais la plus grande partie resta à Paris. Barnabé Brisson fut du nombre de ces derniers. Voilà la base sur laquelle ou a appuyé les reproches dont on a essayé de noircir sa mémoire. Les ligueurs lui donnèrent la charge de premier président, vacante par la captivité d’Achille de Harlay. On prétend qu’en l’acceptant, Brisson protesta que c’était par force et pour sauver sa vie et celle de sa femme, et qu’il désavouait d’avance tout ce qu’il pourrait faire de préjudiciable au service du roi. On l’accusa, d’un autre côté, d’avoir contribué à la captivité d’Achille de Harlay. Quoi qu’il en soit, il devint suspect aux seize, qui prirent des mesures pour l’assassiner. Leur projet ayant éclaté, ils résolurent d’agir ouvertement contre lui et deux autres magistrats (Larcher et Tardif). Le 15 novembre 1591, en allant au Palais, il fut arrêté à neuf heures du matin, confessé à dix, pendu à onze à une poutre de la chambre du conseil. Brisson demanda qu’on lui permît d’achever un livre fort avancé sur l’instruction de la jeunesse : on ne l’écouta pas. Voyant qu’il fallait mourir, il s’écria : « O Dieu! que tes jugements sont grands! » Il lui prit une telle sueur entre les mains du bourreau, qu’on vit sa chemise toute dégouttante, comme si on l’eût plongée dans l’eau. Le lendemain, son corps, et ceux de Tardif et Larcher furent pendus à la Grève avec des écriteaux. Le duc de Mayenne vengea sa mort, et fit pendre quatre des seize qui l’avaient ordonnée. Cette circonstance, qui priva la ligue de ses chefs les plus furieux, donna lieu de publier que Brisson était vendu au lieutenant-général de l’état et couronne de France, dont il avait reçu les serments. Le président de Thou dit que quelques personnes furent touchées de la fin mal-