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que l’auteur a consulté Mir-Khond ; mais l’extrait qu’il en a donné paraît avoir été rédigé de mémoire, tant il renferme d’inexactitudes pour les dates, les faits et les noms propres (V. Mir-Khond) : Texeira a pu recueillir sur les lieux ce qu’il dit de la dynastie des Sofys ; 2o. l’Histoire des rois d’Hormuz, qu’on peut supposer aussi avoir été composée dans le même genre, et n’être qu’un abrégé de celle qu’il dit avoir été écrite par un de ces princes (Voy. Touran-Chah Ier.) : il l’a continuée à sa manière, jusqu’à la conquête des Portugais ; 3o. la Relation de son dernier voyage : c’est la partie la plus estimable de l’ouvrage de Texeira. Il y montre des connaissances réelles en histoire, en politique et en géographie. Gotolendi a donné de tout cela une assez mauvaise traduction, sous ce titre : Voyages de Texeira, ou l’Histoire des rois de Perse, etc., Paris, 1621 , 2 part. in-12o. Cette version contient beaucoup plus de fautes que le texte. A—t.

TEXTOR. V. Ravisius.

TEYMOURAZ Ier., roi de Géorgie, était petit-fils d’Alexandre, roi de Kakhet, et fils de David, qui mourut avant son père. Né vers la fin du dix-septième siècle, il fut envoyé comme otage en Perse, et élevé auprès de Ghah-Abbas le Grand. Alexandre ayant été assassiné dans sa vieillesse, par Constantin, son second fils, qui s’était fait musulman, Ketwane, sa bru, princesse du sang des Bagratides, rois de Kharth’el, Carduel ou Kartalinie (la Géorgie propre), et veuve de David, députa à la cour de Perse, pour redemander son fils Teymouraz. Ghah-Abbas permit à ce jeune prince d’aller régner, et le laissa partir après lui avoir fait jurer qu’il serait toujours vassal de la Perse. Teymouraz fut fidèle à son serment, et il envoya même deux de ses fils en otages, Levan ou Léon et Alexandre. Devenu veuf, il épousa, peu d’années après, la belle Darejan, sa cousine, sœur de Louarzab ou Lohrasp, roi de Kharth’el. Ce mariage fut la cause, ou du moins le prétexte des malheurs qui accablèrent Teymouraz et son beau-frère, ainsi que la nation géorgienne. Un ministre de Louarzab, outragé par son maître, se retira à la cour du roi de Perse, lui vanta les charmes de Darejan, et le rendit amoureux de cette princesse, à qui l’on avait donné le surnom de Pehri (fée). Abbas la demanda pour épouse à Louarzab, qui, ne se bornant pas à la refuser, pressa même le mariage de sa sœur avec Teymouraz. Le monarque persan, furieux de cet affront, mais embarrassé alors dans une guerre contre les Turks, fut obligé de différer sa vengeance. Elle éclata en 1614. Abbas, ayant d’abord tenté vainement de désunir les deux beaux-frères, et de les rendre suspects l’un à l’autre, fit envahir la Géorgie, par une armée de trente mille hommes, qu’il se disposait à suivre de près, à la tête d’un corps plus considérable. Teymouraz, pour conjurer l’orage qui le menaçait, chargea sa mère de le réconcilier avec le roi de Perse ; mais la médiation et la prudence de cette habile princesse échouèrent dans cette occasion. Abbas exigeait impérieusement que Teymouraz vînt se soumettre en personne ; et comme le prince géorgien s’y refusait, il retint Ketwane[1], et l’envoya prisonniè-

  1. Pietro délia Valle, voyageur contemporain, ne dit rien du prétendu amour que Chah-Abbas, âgé alors de quarante-six ans, ressentit tout-à-coup pour cette princesse, qui était au moins de son