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pris entre des observations, sur la détermination de l’heure à la mer, lorsqu’on ne voit pas l’horizon ; sur la manière de suppléer à l’action du vent pour mouvoir les grands vaisseaux, sur le roulis et le tangage. Il n’a traité que deux questions d’astronomie physique ; la première, concurremment avec son père, sur l’inclinaison des orbites planétaires, et il partagea le prix de l’académie des sciences de 1754 ; la seconde, sur le flux et reflux de la mer ; et il partagea encore le prix de 1740, cette fois avec Euler, Maclaurin, et l’auteur d’une quatrième pièce, qui n’avait que le mérite d’être dans les principes de Descartes, comme l’était celle de Jean Bernoulli, en 1734 ; car il faut dire que Daniel adopta de bonne heure la théorie de Newton. Il eut avec Euler une discussion sur les cordes vibrantes, et s’occupa, à diverses reprises, de la théorie du son, il proposa une explication très ingénieuse de la production des sons harmoniques ; mais M. Lagrange a fait voir que malheureusement elle n’était pas fondée. Le caractère du talent de Daniel Bernoulli était la finesse ; il saisissait avec une grande adresse le point fondamental d’une question, et les hypothèses qui pouvaient simplifier le calcul sans trop altérer l’exactitude du résultat. On aurait presque cru qu’il semblait craindre les longs calculs, et n’estimer, dans les mathématiques, que leur application, tandis que d’autres géomètres comme Euler, par exemple, paraissent quelquefois ne chercher dans la physique que les occasions de se livrer à leur goût pour l’analyse pure. La nature des travaux de Daniel Bernoulli et la marche de son esprit sont exposées, avec beaucoup d’élégance et de précision, par Condorcet, dans l’éloge qu’il a fait de ce savant, qui était associé étranger de l’académie des sciences de Paris. Nous remarquerons à cette occasion que Daniel avait succédé dans cette place à son père, en 1748, que son frère Jean lui succéda, et que, depuis 1699 jusqu’en 1790, c’est-à-dire, pendant quatre-vingt-onze ans, la liste si peu nombreuse des associés étrangers de l’académie des sciences contint toujours le nom de Bernoulli. Daniel s’était fait une sorte de revenu des prix décernés par cette académie ; il les remporta ou les partagea dix fois. Il fut aussi membre des académies de St.-Pétersbourg, de Berlin, et de la société royale de Londres. Beaucoup de calme dans l’esprit et de prudence dans la conduite lui procurèrent une vie très-heureuse jusqu’à l’âge de quatre-vingt-deux ans. Il avait conservé toute sa force de tête jusqu’à soixante-dix-sept ans ; et ce ne fut qu’alors qu’il se fit remplacer par son neveu dans les fonctions de professorat. Il mourut à Bâle, le 17 mars 1782. Ses ouvrages, imprimés séparément, sont : I. Dan. Bernoulli Dissertatio inaugur. phys. med. de respiratione, Bâle, 1721, in-4. Il y évalue la quantité d’air qui pénètre les poumons à chaque inspiration. Haller la publia de nouveau , tome IV de ses Select. dissert. anatom. II. Positiones anatomico-botanicœ, Bale, 1721, in-4°. Il traite de l’usage des feuilles, et combat l’existence des vaisseaux aériens dans les plantes. III. Danielis Bernoullii exercitationes quœdam mathematicæ, Venetiis, 1724, in-4°, 1 vol. ; IV. Danielis Bernoulli hydrodynamica, seu de viribus et molibus fluidorum commentarii, opus academicum ab auctore dum Petropoli ageret, congestum, Argentorati, 1738, in-4°. ; 1 vol. L — X.