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au jour ; il s’était d’abord destiné à la médecine, comme à une profession qui rapprochait des sciences qu’il désirait cultiver ; il composa aussi une dissertation sur le mouvement des muscles, dans laquelle il essaya d’évaluer leurs forces par des considérations mathématiques. La physique ne lui fut point étrangère ; il nous a laissé un traité de la fermentation, d’après les idées de ce temps, où l’on expliquait les propriétés des acides et des alkalis par la figure de leurs molécules. Il est aussi l’auteur d’une Physique céleste dans les principes de Descartes, qu’il soutint jusqu’à la fin de sa vie, peut-être parce que Newton et les géomètres anglais s’étaient montrés les antagonistes de Leibnitz et les siens. Il eut avec Hartsœker une longue contestation sur les baromètres lumineux ; ses écrits sur la communication du mouvement et la mesure des forces touchent de près à la métaphysique, et, comme son frère composa des thèses sur la logique. Il termina sa carrière mathématique par un traité d’hydraulique, qu’il composa pour l’opposer à un traité sur le même sujet, publié par son fils Daniel. Enfin, il cultiva la poésie latine, et même la poésie grecque. À dix-huit ans, il soutint, sur cette question : Que le prince est pour les sujets, une thèse écrite en vers grecs. Sa vie, bien plus longue que celle de Jacques Bernoulli, le mit à même d’acquérir plus de connaissances, et d’accumuler une plus grande masse de travaux ; mais pour cela, on ne doit pas le regarder comme supérieur à son frère, dans les ouvrages duquel les grands géomètres de notre temps trouvent plus de profondeur et de finesse. Il fut appelé à Groningue en 1695 pour y professer les mathématiques ; en 1705, il vint remplacer son frère dans l’université de Bâle, et mourut dans cette ville à l’âge de quatre-vingts ans, le 1er janv. 1748. Nous avons déjà dit qu’il fut membre des académies de Paris et de Berlin ; il le fut aussi de celle de Pétersbourg, de la société royale de Londres, et de l’institut de Bologne : on trouve son éloge dans les Mémoires de la première de ces académies, et c’est aussi par un éloge de Jean Bernoulli que d’Alembert s’essaya pour la première fois, dans cette branche de la littérature. On lit au bas de son portrait, placé à la tête de ses œuvres, les vers suivants, faits par Voltaire :

Son esprit vit !a vérité,
lit son cœur connut la justice ;
Il a fait l’honneur de la Suisse
Et celui de l’humanité.

Il eut trois fils : Nicolas, qui mourut jeune à Pétersbourg ; Daniel et Jean, qui lui survécurent. Il a publié peu d’écrits séparés : la plupart de ses productions sont des Mémoires insérés dans les journaux littéraires, principalement dans les Acta eruditorum de Leipzig, et dans les collections académiques de Paris et de Pétersbourg. Ils furent recueillis sous ses yeux, en 1744, par les soins de Cramer, professeur de mathématiques à Genève. Cette collection a pour titre : Johannis Bernoulli opera omnia, Lausanne et Genève, 1742, in-4o, 4 vol. On doit y joindre sa correspondance avec Leibnitz, publiée sous le titre de ; Got. Gui. Leibnitii et Johan. Bemoullii commercium philosophicum et mathematicum, Lausanne et Genève, 1745, in-4o, 2 vol. L — X.

BERNOULLI (Nicolas). Nous avons présenté sous ce nom (pag. 320) deux savants ; nous ajouterons ici que le premier, né à Bâle le 10 octobre 1687, mort le 29 novembre 1769, fils d’un frère des précédents, fut l’éditeur de l’Ars conjectandi de son oncle Jacques ; qu’il résolut plu-