ternel, Jean, Humfroi,et Adrien-Gilbert, tous trois illustres par eux-mêmes et par la noblesse de leur origine. Ralegh fit ses études à Oxford ; et quelques pièces de vers de sa jeunesse, qui sont parvenues jusqu’à nous, prouvent qu’une excellente éducation avait développé en lui un talent remarquable pour la poésie gracieuse et légère. Par la suite, d’autres productions plus importantes et plus solides le placèrent au nombre des meilleurs et des plus savants écrivains de son temps. Mais la lente et tranquille gloire des lettres ne pouvait suffire à l’orgueil de sa naissance et à l’activité de son ambition. Une taille de près de six pieds, une figure majestueuse, une constitution robuste, un courage indomptable, le rendaient éminemment propre à l’état militaire, qui, dans tous les temps et dans tous les pays, offrit à la fortune la carrière la plus rapide et la plus brillante. Élisabeth, dont l’habile politique veillait, au dedans comme au dehors, à tout ce qui pouvait être utile aux intérêts de l’Angleterre et à la consolidation de la réforme religieuse, devenue nécessaire au maintien de son autorité, prit parti pour les Protestants, dans les guerres civiles qui désolaient la France sous Charles IX. En 1569, elle leur envoya un secours en cavalerie et en donna le commandement à Henri Champernon, parent de Ralegh. Celui-ci suivit Champernon en France ; et, simple volontaire, il montra dès-lors une valeur, un sang-froid et une habileté dans les combats, qui le rendaient digne du commandement. Échappé à l’horrible massacre de la Saint-Barthelemi, il se trouvait encore en France après la mort de Charles IX ; un séjour de plus de cinq ans dans cette contrée le mit à portée de connaître le génie de ses habitants, l’état des partis qui la déchiraient, et le caractère particulier de ceux qui y exerçaient le plus d’influence. Ces diverses connaissances lui furent, par la suite, d’une grande utilité, lorsqu’il put les mettre à profit auprès de sa souveraine. À peine fut-il de retour en Angleterre, qu’impatient du repos, il saisit la première occasion de s’engager dans de nouveaux combats. Don Juan d’Autriche, fils naturel de Charles Quint, avait été fait gouverneur des Pays-Bas, et s’était attiré la haine des peuples, qui se révoltèrent contre son autorité. Cet homme, dont l’orgueil, selon Ralegh, affrontait les plus grandes difficultés, mais qui, par sa faiblesse, ne pouvait triompher des plus petites, avait conçu le projet de délivrer la reine d’Écosse de sa prison, et, en l’épousant, de détrôner Elisabeth, et de s’emparer de l’Angleterre. Elisabeth sut le détourner bien efficacement de cette entreprise, en envoyant, en 1578, un puissant secours aux insurgés des Pays-Bas. Ralegh fut au nombre des guerriers anglais qui s’y rendirent. Il y servit sons le commandement de sir John Norris, et partagea, avec les plus habiles capitaines d’Angleterre, la gloire de cette campagne, qui se termina par la défaite et la mort de don Juan. L’année suivante, le jeune Ralegh saisit avidement l’occasion de s’engager dans une expédition maritime, et fit son premier essai en ce genre sous son frère Humfroi Gilbert, qui entrepiit d’établir une colonie à Terre-Neuve. Cette expédition échoua ; mais Ralegh y trouva le moyen de se mesurer pour la première fois sur l’Océan avec les
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