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tre ses deux projets favoris, se venger des Suédois et asservir les Polonais : ils occupèrent le reste de sa vie. Pour réussir dans le premier, il eut à Thorn une entrevue avec le czar Pierre, et les deux monarques, de concert avec le roi de Danemarck, firent entrer leurs troupes en Poméranie. La Suède, malgré l’absence de son roi, et l’épuisement où elle se trouvait, repoussa ces attaques : le comte de Steinbock remporta, près de Gadebusch, le 20 décembre 1712, une grande victoire sur les alliés, qui furent obligés de lever le siége de Stralsund et de Wismar. Les Turks firent une diversion qui, bien que peu vigoureuse, ne laissa pas d’effrayer et d’occuper les confédérés ; le roi de Prusse prit la Poméranie en séquestre : enfin, en 1714, un congrès s’ouvrit à Brunswick pour la pacification des états du Nord. Les prétentions exagérées de tous les souverains qui y avaient des députés ne laissaient aux amis de la paix que de faibles espérances, lorsque Charles XII, de retour à Stralsund, manifesta l’intention de recommencer la guerre avec acharnement. Une nouvelle ligue, dont le roi de Pologne était le principal moteur, se forma contre lui ; Stralsund, inutilement défendu par Charles, se rendit, le 21 décembre 1715. La Suède semblait toucher à sa ruine ; mais les projets du baron de Gœrtz, qui méditait une alliance entre ce royaume et la Russie, portèrent la désunion, parmi les confédérés : le czar fut sur le point de s’unir avec Charles XII pour détrôner Auguste et rétablir Stanislas. La défiance régnait entre les cours du Nord ; elles s’épiaient mutuellement, lorsque la mort de Charles XII, en 1718, mit un terme à cet état d’inquiétude. Auguste fit sa paix avec la Suède, pour consacrer tous ses soins, tantôt aux querelles que lui suscitait la noblesse polonaise, tantôt aux fêtes qu’il se plaisait à donner. En remontant sur le trône de Pologne, il avait repris, comme on l’a déjà dit, le dessein d’y rendre son pouvoir absolu : le séjour des troupes saxonnes semblait lui en fournir les moyens ; ces troupes, dispersées dans tout le royaume, y subsistaient aux dépens de la noblesse qu’elles opprimaient, et qu’insultaient, dans sa misère, le luxe et les plaisirs de la cour. Une confédération fut bientôt formée pour résister à ces vexations. Tout à coup, la cavalerie saxonne se vit attaquée et détruite sur tous les points. Fidèle à ce précepte héréditaire chez les Polonais : « Brûlez vos maisons, et errez dans votre pays, les armes à la main, plutôt que de vous soumettre au pouvoir arbitraire, » un simple gentilhomme, nommé Ledukoski, se mit à la tête de la nouvelle ligue. Auguste eut recours à la médiation du czar ; en 1717, la paix fut conclue entre la république et le roi ; les troupes saxonnes sortirent du royaume, et « Auguste, renonçant alors, dit Rhulières, au dessein d’asservir cette nation par la force, ne chercha plus qu’à la corrompre et à la séduire… Il s’abandonna à la mollesse et au luxe. Son plus beau régiment de dragons fut donné à un de ses plus dangereux voisins, à Frédéric-Guillaume, roi de Prusse, en échange de douze grands vases de porcelaine. Sa cour était fastueuse et polie… Les Polonais, dont les mœurs sont faciles, se livrèrent à tous les dangers de son exemple, et si les premières années de ce règne avaient augmenté les désordres de l’état, celles qui suivirent y ajoutèrent bientôt le désordre des mœurs. » On lit avec étonnement le détail des fêtes que ce monarque donna au roi et au prince