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fant, et l’abbé de Polignac, ambassadeur de France en Pologne, fit agir en sa faveur tous les ressorts de l’intrigue et tous les pouvoirs de l’éloquence. Tout semblait servir ses projets ; la plupart des prétendants avaient été écartés. Jean Przependowiski, castellan de Culm, engagea tout à coup l’électeur de Saxe à se mettre sur les rangs, et l’abbé de Polignac craignit bientôt de ne pouvoir vaincre un adversaire si redoutable. Le cardinal Radziejowski, primat du royaume, ainsi que le plus grand nombre des palatins, soutenaient le prince de Conti ; mais Auguste était aux frontières ; il vendait ses droits sur quelques-uns de ses états d’Allemagne, pour avoir de l’argent, et employait cet argent à acheter des suffrages ; il abjurait le luthéranime pour embrasser la religion des nouveaux sujets qu’il voulait gagner : la diète s’assembla le 25 juin 1697. Une double élection fut faite le 27 ; Auguste confirma lui-même la sienne, en entrant aussitôt en Pologne avec dix mille Saxons. La corruption et l’effroi l’emportèrent sur l’adresse du ministre français ; l’électeur de Saxe fut couronné à Cracovie, le 15 septembre, et le prince de Conti, après s’être présenté devant Dantzig, fut obligé de revenir en France, laissant son rival possesseur d’une couronne plus difficile à conserver qu’à conquérir. Auguste ne tarda pas à s’en apercevoir. « Élevé, dit Rhulières, dans les préjugés des souverains, il crut qu’il lui serait facile de régner arbitrairement dans un pays en proie à tant de désordres… Il conçut de cette facilité même, avec laquelle il avait acquis le royaume, l’espoir dangereux d’y rendre son autorité absolue. Il viola toutes les conditions qui lui avaient été prescrites, et, pour conserver auprès de lui, sous le nom de troupes auxiliaires, l’armée saxonne qu’il avait juré, à son couronnement, de renvoyer en Saxe, il chercha à engager la république dans une nouvelle guerre. » L’occasion s’en présenta bientôt. Par le traité d’Oliva, conclu le 7 mai 1660, la Pologne avait cédé à la Suède la plus grande partie de la Livonie. Auguste, en montant sur le trône, avait fait serment de la rejoindre à ses états ; le roi de Danemarck et le czar Pierre Ier s’engageaient à l’attaquer de leur côté ; Charles XII, encore très-jeune, semblait peu propre à la défendre. Auguste fit marcher ses troupes, et parut bientôt à leur tête pour former le siége de Riga. Il eût emporté la place, sans la fermeté du gouverneur, le vieux comte Dalberg. Le siége traînant en longueur, Auguste saisit un prétexte pour se retirer sans honte ; la ville était pleine de marchandises hollandaises ; les États-Généraux firent faire des représentations à la cour de Pologne, et « le roi, dit Voltaire, consentit à lever le siége, plutôt que de causer le moindre dommage à ses alliés, qui ne fureut point étonnés de cet excès de complaisance, dont ils surent la véritable cause. » Des motifs déterminants se joignirent à ce prétexte : Auguste apprit la défaite de ses alliés; Charles XII venait de battre le roi de Danemarck sous les murs de Copenhague, et ce prince avait été obligé de se racheter par le traité de Travendahl, conclu le 18 août 1700 ; Pierre Ier avait été battu à Narva, et Charles se disposait à pénétrer en Pologne. Auguste sentit la nécessité de songer à se défendre, plutôt qu’à conquérir. Dans une entrevue qu’il eut avec le czar, les deux monarques contractèrent une étroite alliance, se promirent réciproquement 50,000 hommes de troupes, et, après s’être