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les religionnaires. On doit en dire autant de son Sacre spirituel, dont il serait à souhaiter qu’on n’eût à reprendre que le titre ridicule. On a encore de cet auteur une cinquantaine de livres de controverses, oubliés aujourd’hui ; un Catéchisme français, grec et latin, dont il se débita, à Paris, en huit ans, près de 40,000 exemplaires ; les définitions en sont claires et justes ; mais les maximes n’en sont pas toujours exactes ; Breviarium Romanum, cun rubricis Gallicis, Paris, 1588, 2 vol. in-fol. C’est ce qu’on appelle le Bréviaire de Henri III. On dit que le P. Auger avait refusé un évêché, et qu’il avait converti 40,000 protestants. C’est le premier jésuite qui ait été confesseur des rois. Il était éloquent pour le temps, et fort considéré de tous les gens de lettres. T—d.

AUGER (Nicolas). Ce comédien, après avoir joué, avec beaucoup de succès, l’emploi des valets, sur le théâtre de Vienne en Autriche, vint débuter à Paris, le 14 avril 1763, dans le même emploi. Ses débuts furent très-brillants, puisque Armand, qui était depuis quarante ans en possession de ces rôles, dit, en le voyant, qu’Auger le ferait un jour oublier. Cependant, le public, après avoir cédé au charme de la nouveauté, ne fut point injuste envers un comédien célèbre, et, quoi qu’on ait publié, Préville conserva la faveur dont il jouissait, et que nulle comparaison ne pouvait lui enlever. Auger était grand ; sa taille était bien proportionnée ; sa figure convenait parfaitement à l’emploi qu’il avait choisi ; sa physionomie avait de la mobilité, et il en abusait quelquefois, en se laissant aller à des grimaces, à des charges outrées ; il en introduisit même dans quelques rôles qui auraient dû lui imposer de la retenue ; telle est celle du gros bâton de réglisse qu’il offrait dans la scène où, jouant le Tartuffe, il cherche à séduire Elmire ; plaisanterie indécente qui a long-temps été répétée comme une tradition théâtrale. Il avait demandé à débuter dans la tragédie ; le froid accueil qu’il reçut dans les rôles d’Huascar et de Warwick lui prouva que le cothurne ne lui convenait nullement : il a cependant joué avec succès quelques rôles qui exigent de la noblesse, tel que celui du Commandeur, dans le Père de famille. Auger quitta la comédie eu 1782, et mourut à Paris, le 26 février 1783. P—x.

AUGER (Athanase), né à Paris, le 12 décembre 1734, ecclésiastique, fut d’abord professeur de rhétorique au collége de Rouen. L’évêque de Lescar, M. de Noé, qui l’avait connu dans cette ville, le fit son grand-vicaire, et l’appelait, en riant, son grand-vicaire in partibus Atheniensium, allusion à sa profonde connaissance de la langue de Démosthènes. L’abbé Auger, transporté d’Athènes à Paris, était, en effet, plutôt un philosophe grec qu’un Français du 18e siècle. Ses traits retraçaient ceux de Socrate, comme sa conduite offrait les vertus du sage de la Grèce. Étranger à toutes les jouissances dont le luxe nous a fait des besoins, son unique passion était l’étude, devenue pour lui une des premières nécessités de la vie. Content d’un revenu plus que modeste, qu’il partageait avec une famille peu aisée, jamais on ne le vit grossir la foule des solliciteurs, et demander les grâces qui vont si rarement chercher ceux qui se contentent de les mériter. Modeste, ingénu, bienveillant, il joignait à la simplicité d’un enfant, la candeur et l’innocence des mœurs patriarchales. Sans fiel, incapable de ressentiment,