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il avait un attrait particulier. Il donna, en 1623, un traité : De veteribus ecclesiæ ritibus, in-4º ; et ensuite un autre de l’Ancienne police de l’Église, sur l’administration de l’Eucharistie ; des Notes sur les Canons de plusieurs conciles, insérées dans la collection de Labbe, sur Tertullien et sur Optat de Milève, que les derniers éditeurs de ces anciens écrivains ont placées au bas des pages. Tous ces ouvrages respirent une érudition choisie, une grande connaissance de l’antiquité, et plus de critique qu’on n’en avait communément alors. Ils répandent beaucoup de lumières sur l’administration des sacrements de la Pénitence et de l’Eucharistie, dans les premiers siècles de l’Église, matière obscure, qui avait besoin d’être éclaircie par un homme aussi habile. Ses observations ne sont pas toujours justes, mais elles sont ingénieuses et savantes. Il donnait un peu trop aux conjectures, et concluait trop facilement de quelques passages particuliers, de quelques pratiques observées dans certaines églises, à un usage universel. Il se fondait quelquefois sur des ouvrages supposés, tels que ceux qu’on attribuait à S. Denis l’Aréopagite, sur les constitutions apostoliques, qu’il croyait plus anciennes qu’elles ne le sont ; du reste il écrivait bien en latin et en français. L’Aubespine, obligé, par le rang de son siége, de se trouver à l’assemblée des évêques de la province de Sens, en 1612, n’y signa qu’à regret la condamnation du fameux livre de Richer. La mort surprit ce savant prélat, à Grenoble, le 15 août 1630, dans un voyage qu’il avait fait pour complimenter Louis XIII, sur le rétablissement de sa santé. T—D.

AUBESPINE (Charles de l’), marquis de Châteauneuf, frère du précédent, abbé de Préaux, naquit à Paris, en 1580. Il s’acquit beaucoup de réputation dans ses ambassades, fut fait, en 1630, gouverneur de Touraine et garde des sceaux. Pendant les deux années que dura son ministère, il se déshonora par la conduite qu’il tint dans le procès des maréchaux de Marillac et de Montmorency. Au lieu de se récuser, en sa qualité d’ecclésiastique, il obtint un bref de Rome qui l’autorisait à présider les commissions où ces deux illustres personnages furent condamnés. Le premier l’avait récusé, attendu qu’ayant profité de la dépouille de son frère, il avait intérêt à le trouver coupable, et à servir la passion de ceux qui l’avaient élevé. Il fut cependant un des juges qui opinèrent à la mort. Quant au dernier, Chàteauneuf ayant été page du connétable de Montmorency, on trouvait étrange qu’il osât présider au jugement du fils, après avoir été au service du père. Il était juste que celui qui avait été le vil instrument des vengeances de Richelieu, en devînt la victime dès qu’il voudrait cesser d’en être l’esclave. Les sceaux lui furent ôtés en 1633, et il resta enfermé au château d’Angoulême jusqu’après la mort de Louis XIII. La cause de cette disgrâce a toujours été un mystère. Richelieu, dans son testament, lui reproche un mauvais procédé. On suppose que ce mauvais procédé consistait dans des intrigues avec la duchesse de Chevreuse et le chevalier de Jars, pour supplanter le cardinal. Louis XIII, dans sa déclaration pour la régence, avait expressément recommaudé de tenir Chàteauneuf toujours éloigné ; ce qui n’empêcha pas Anne d’Autriche de le rappeler aussitôt après la mort du monarque, pour l’exiler encore au bout de deux ans, comme un des chefs du parti des im-