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Paris, le 18 mai 1616. Écrivain laborieux, il se levait tous les jours à cinq heures, et travaillait toute la matinée ; il travaillait encore l’après-midi jusqu’à six heures, qu’il allait chez MM. Dupuy, de Thou, ou de Vilevault, converser avec les savants qui s’y assemblaient. Pour se délasser de ses études, il lisait quelques pages des Remarques de Vaugelas. Il ne faisait presqu’aucune visite, et en recevait encore moins. Outre les langues savantes, le latin et le grec, il savait l’italien, l’espagnol et l’anglais, et était en état de lire les livres écrits en ces trois langues. Quoique reçu avocat au conseil, en avril 1651, il n’en a guère fait les fonctions. Ainsi, l’histoire de ses ouvrages fait proprement l’histoire de sa vie. Il mourut, le 29 janvier 1695, des suites d’une chute. Voici la liste de ses ouvrages : I. Histoire générale des cardinaux (depuis le pontificat de Léon IX), 1642-49, 5 vol. in-4º. II. De la prééminence de nos rois, et de leur préséance sur l’empereur et le roi d’Espagne, 1649, in-4º ; III. Histoire du cardinal de Joyeuse, 1654, in-4’ ; IV. Histoire du cardinal de Richelieu, 1660, in-fol. ; 1666. 2 vol. in-12. « Quoique cette histoire soit faite sur de bons mémoires, dit Lenglet, elle est cependant peu estimée · · · · · Anbery a voulu faire du cardinal un trop honnête homme, et ne l’a pas fait assez politique. » Gui-Patin, dans sa 136e lettre, adressée à Spon, n’en parle pas plus favorablement, et dit qu’Aubery avait fait cet ouvrage pour la duchesse d’Aiguillon, nièce du cardinal de Richelieu, qui lui en avait fourni les matériaux. V. Mémoires pour l’histoire du cardinal de Richelieu, depuis l’an 1616, jusqu’à la fin de 1642, 2 vol. in-fol., 1660, et 5 vol. in-12, 1667. Cette dernière édition est préférable. Le libraire Antoine Bertier, qui imprima la première édition, représenta à la reine-mère (Anne d’Autriche), avant d’entreprendre l’impression, qu’il n’osait la publier sans une autorité et une protection particulière de S. M., craignant que quelques personnes, rentrées en grâce à la cour, ne vissent pas avec plaisir rappeler leur conduite passée. « Allez, répondit la reine, travaillez sans crainte, et faites tant de honte au vice, qu’il ne reste que la vertu en France. » VI. Des justes prétentions du roi sur l’Empire, Paris, 1667, in-4º et (Amsterd.), suivant la copie de Paris, in-12. Aubery répète dans ce livre beaucoup de choses qu’il avait déjà avancé dans son Traité sur la prééminence. Cet ouvrage donna de l’ombrage à tous les princes d’Allemagne. Le conseil, pour les apaiser, fit conduire l’auteur à la Bastille, où il fut bien traité, visité par les personnes les plus distinguées du royaume, et mis bientôt en liberté. Ce Traité donna naissance à plusieurs ouvrages, que des écrivains allemands publièrent pour le réfuter. VII. De la dignité de cardinal, 1673, in-12 ; VIII. De la régale, 1678, in-4º ; IX. Histoire du cardinal Mazarin, depuis sa naissance jusqu’à sa mort, tirée, pour la plus grande partie, des registres du parlement de Paris, 1695, 2 vol ; 1751, 4 vol. in-12. Cette Vie, qui commence en 1602 et finit en 1661, est fardée et peu exacte ; cependant on y trouve des détails qu’on chercherait vainement ailleurs. C’est dans le chapitre II du livre VIII de cette Vie, qu’Aubery avance « que le testament politique du cardinal de Richelieu est supposé, » ce qui a fait dire à Voltaire, qu’Aubery fut le premier qui fit connaître la fourbe de son auteur. — Aubery, son frère, chanoine