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qu’on vit un chirurgien attaché au service des armées. Auparavant, ceux des médecins ou des chirurgiens qui s’y trouvaient, s’y rendaient à la suite de quelques grands personnages. François Ier est le véritable fondateur des Officiers de santé militaires. Arrivé en Italie, Héry trouva l’armée infectée de syphilis : il s’appliqua, avec un zèle infatigable, au traitement de cette cruelle maladie. Il fit, sur les lieux, la recherche des documents laissés par les premiers médecins qui avaient traité cette affection, lors de son invasion en Europe, encore récente à cette époque. La bataille de Pavie ayant mis un terme à cette guerre, Héry voyait cesser sa mission ; mais toujours attaché au projet qu’il avait d’acquérir les connaissances propres à combattre avec succès la syphilis, il se réfugia dans la ville de Rome, et là, parvint à s’introduire dans l’hôpital de Saint-Jacques-le-Majeur, ou l’on traitait un très grand nombre d’individus affectés de cette maladie. Il y étudia avec autant de zèle que de sagacité, la méthode inventée par Bérenger de Carpi ; c’était l’usage du mercure en frictions. Renfermé dans cet asile de la douleur, Héry put observer à loisir, la marche, les phénomènes et les déguisements de la syphilis : il reconnut que le mercure en est le seul antidote, et que tous les autres remèdes sont impuissants pour la guérir. Carpi administrait son remède sans méthode et sans distinction ; l’art était à son origine, sous ce rapport : Héry lui fit faire d’immenses progrès ; et lorsqu’il quitta l’hôpital de St.-Jacques, où il était venu pour s’instruire, il y laissa d’utiles préceptes, et le disciple y fut honoré comme un maître. De retour à Paris, où la renommée l’avait fait connaître d’avance comme possédant une méthode rare pour guérir une maladie désastreuse, Héry fut accueilli avec enthousiasme comme le sauveur futur de ses concitoyens. On accourut, pour le consulter, de toutes les parties du royaume. Les accidents les plus graves, les plus rebelles, cédaient aux soins de cet habile praticien. Il fut récompensé de ses efforts par les dons de la fortune : la sienne s’élevait à cinquante mille écus ; ce qui équivaudrait à plus d’un million de nos jours. On dit qu’étant allé à l’église de Saint-Denis pour y visiter la sépulture de nos rois, il voulut voir d’abord le tombeau de Charles VIII. Il s’arrêta silencieusement devant ce monument ; puis il s’agenouilla comme s’il eut été devant un objet de vénération. Le religieux qui l’accompagnait, le prenant pour un homme d’un esprit borné, crut qu’il rendait aux restes de Charles VIII le culte que l’on rend aux saints, et voulut le désabuser. « Non, répondit Héry, je n’invoque pas le prince, je ne lui demande rien : mais il a apporté en France une maladie qui m’a comblé de richesses ; et, pour un si grand bienfait, je lui rends des prières que j’adresse à Dieu, pour le salut de son âme. » Héry ne voulut point dérober à ses successeurs les procédés qui lui avaient si bien réussi dans le traitement de la syphilis ; c’est dans cet esprit qu’il composa l’excellent traité qui nous reste de lui, et qui est intitulé : La Méthode curative de la maladie vénérienne, vulgairement appelée grosse-verole , et de la diversité de ses symptômes, composée par Thierry de Héry, lieutenant du premier barbier - chirurgien du roi, Paris, 1552, 1569, 1654, in-8°. On remarque que cet ouvrage vraiment original est le premier qui ait été écrit