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il fut cause nommément de la reprise d’Auray et de Landevant, dont le chevalier de Tinteniac et le comte Dubois Berthelot, arrivés en Bretagne un peu avant lui, s’étaient emparés, à l’aide des paysans qu’ils avaient armés. M. d’HervilIy n’avait fait, pour ainsi dire, que leur montrer un détachement du régiment de la marine, et leur avait retiré deux pièces de canon qu’il venait à peine de leur envoyer : à la vérité, il était difficile que ce commandant se dégarnît de la plus faible portion du peu d’artillerie qu’il avait. Ce fut un malheur pour lui de n’avoir pas la confiance des bretons ; et il ne pouvait l’avoir, puisqu’il n’en était pas connu. Quand ils virent qu’il ne les faisait pas soutenir par les troupes débarquées, leur mécontentement se changea bientôt en haine. On l’accusa de vouloir établir une distinction injuste de solde et de vivres entre ses troupes et les royalistes que l’abandon du poste de Ste-Barbe avait obligés, le 7 juillet, de refluer dans la presqu’île de Quiberon. Lorsqu’on fut certain qu’il ne survivrait pas à ses blessures, on chercha à faire porter sur lui tous les torts de cette malheureuse campagne. Peut-être ses talents militaires n’étaient-ils pas proportionnés à sa bravoure ; peut-être manquait-il du sang-froid qu’exige un commandement général. Il est certain qu’à Quiberon, il avait le désavantage de faire la guerre pour la première fois, et qu’il commit plus d’une faute ; mais on ne peut assez louer sa loyauté, son dévouement absolu à la cause pour laquelle il moulut à Londres, le 14 novembre 1795, estimé et regretté de tous ceux qui l’avaient bien connu. L — p— e.

HERWAGEN (Jean), en latin, Hervagius, typographe renommé de Bâle, avait épousé la veuve de l’imprimenr Froben ; il fut lié avec le célèbre Érasme, et mourut de la peste en 1564. Parmi les ouvrages qu’il a donnés, on distingue la collection précieuse et rare des Scriptores rerum Germanicarum, imprimée en 1532. — Son fils Gaspard, mort en 1577, fut professeur de jurisprudence à Bâle. U—i.

HÉRY (Thierry de), le même que plusieurs écrivains du temps désignent sous le nom de Theodoric (de son prénom Theodoricus), fut un de nos plus grands chirurgiens : il naquit à Paris, au commencement du XVIe siècle, et y mourut le 12 mai 1599[1]. Né avec les plus heureuses dispositions pour les sciences, Héry s’adonna d’abord à l’étude de la chirurgie au collège de St.-Côme et St. -Damien de Paris, fondé par St. Louis. Devenu habile chirurgien, il se mit à étudier la médecine sous le professeur Houlier, qui brillait dans l’université de Paris. Dès que Héry voulut se livrer à la pratique, il y obtint des succès, qui le placèrent au rang des plus grands maîtres. Le traitement de la maladie syphilitique lui parut mériter tous ses soins : cette maladie ravageait la France depuis plusieurs années ; et l’ignorance de ceux qui prétendaient la guérir, ne faisait que l’aggraver, « Les misérables qui en étaient affectés, dit Quesnay, étaient abandonnés à la pourriture, ils ne trouvaient qu’un surcroit de maux dans les mains qui les traitaient. » François Ier, qui sut apprécier le mérite et les talents de Héry, l’envoya en Italie à la suite de ses troupes. Ce fut la première fois

  1. Ambroise Paré dit, dans la préface du dix-huitième livre de ses Œuvres, que Héry mourut avant 1583. Cette assertion, qui n’est appuyée par aucun fait, ne peut être mise en balance avec le témoignage du savant Devaux, consigné dans l’Index funereus chirurgorum Parisiensium, etc.