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obscur, auquel les amateurs de l’ancien langage prêtent de la grâce et de la naïveté. On a reproché à Hélinand les traits satiriques qu’il s’est permis contre la cour de Rome ; mais les contemporains n’en étaient pas scandalisés, puisqu’on lisait ses vers avec édification dans les assemblées publiques ; et les auteurs de l’Histoire littéraire de la France (tom. ix, pag. 174) pensent que cette raison aurait dû engager le chapitre général de Cîteaux à restreindre la défense faite aux moines d’exercer la poésie en langue vulgaire. Le plus important des autres ouvrages d’Hélinand est sa Chronique universelle. Le P. Teissier en a inséré la dernière partie, contenant les livres xlv à xlix, et qui comprennent de 634 à 1204, dans le tome vii de sa bibliotheca Cisterciensis. L’abbé de Longuerue faisait un très grand cas de cette chronique, et dit que ce qu’on en a publié est entouré de pièces de si peu de valeur que c’est la perle dans le fumier. La Monnoye pensait que si elle était imprimée en entier, on en trouverait la lecture fort divertissante. M. Brial trouve si peu d’ordre et de discernement dans les livres qui nous sont parvenus, qu’il ne regrette pas beaucoup la perte des autres[1]. Le manuscrit original, qui était conservé à l’abbaye de Froidmont, a disparu. Il paraît que les quarante-quatre premiers livres n’existaient déjà plus du temps d’Albéric des Trois-Fontaines ; et Vincent de Beauvais en attribue la perte à la négligence de Guérin, archevêque de Senlis. Cependant, il est question d’un manuscrit de la bibliothèque Cottonienne, renfermant les seize premiers livres, depuis la création jusqu’à Darius Nolhus[2]. Parmi les autres productions du même auteur, on cite encore vingt huit sermons, dans lesquels il donna l’exemple d’entremêler des passages des auteurs profanes à ceux des livres saints ; trois opuscules, conservés par Vincent de Beauvais, sous le nom de Fleurs d’Helinand ; une Vie de St. Géréon, et des autres martyrs de Cologne qui faisaient partie de la légion thébéenne, imprimée dans Surius ; des Corrections du cycle de Denis-le-Petit, où il prouvait que cet auteur a placé la naissance de J.- C. vingt ans trop tard ; un Eloge de St. Bernard[3] et un Commentaire sur l’Apocalypse. Helinand avait, dit-on (Histoire littéraire de France, t. ix, pag. 184), une telle aversion pour Aristote, qu’il le mettait au rang des monstres de la nature. W— s.


HÉLIODORE, statuaire grec , est cité par Pline, parmi les plus habiles modeleurs qui excellaient à exécuter, en terre cuite, des athlètes, des guerriers, des chasseurs et des sacrificateurs. On peut estimer, d’après le nombre, le genre et la renommée de ces ouvrages, qu’il a du vivre dans les beaux jours de la sculpture grecque. Du temps de Pline, on voyait à Rome, aux portiques d’Octavie, le chef-d’œuvre d’Héliodore : c’était un Simplegma, c’est-à-dire un groupe représentant une luttie de Pan et d’Olympe ; ce morceau n’avait d’égal dans le monde entier, s’il en faut croire le même auteur, que le fameux simplegma de Céphisodore. (Voy. Céphisodore) L—S—E.



HÉLIODORE, né à Emèse dans la Phénicie, florissait sous le règne de l’empereur Théodore et de ses fils. Il

  1. Notice sur la vie et les ouvrages d’Hélinan, lue à l’institut le 3 mars 1815. (Exposé des travaux de la classe d’histoire, jusqu’au 30 juin 1815, pag. 98.)
  2. Oudin, Comm. de Script, eceles., t . III, col. 22 .
  3. Mart. Gerbert, Iter Italicum, pag. 454.