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nières rigueurs de Théodoric, elle rendit, aux fils de Simmaque et de Boèce, les biens de leurs pères, confisqués après leur supplice. Elle voulut aussi que son fils participât aux connaissances des Romains, et qu’il fût instruit, dans les arts libéraux ; mais l’éducation, pendant cinq siècles de despotisme, avait pris quelque chose de servile. Les précepteurs qu’elle donna à son fils employèrent la crainte pour lui inculquer la science, et elle-même punit un jour une de ses fautes par un soufflet. Ce n’était pas ainsi que les Goths avaient coutume d’élever leurs enfants ; ils ne voulaient pas qu’une seule offense impunie laissât dans leur ame un souvenir d’humiliation ou de crainte. « Celui qui aura tremblé devant la férule d’un pédagogue, disaient-ils, ne regardera jamais sans crainte le fer des ennemis. » Ils obligèrent Amalasonte à écarter de son fils ses précepteurs lettrés, et à l’entourer de jeunes gens qui rivalisaient avec lui dans les exercices du corps ; ceux-ci l’entraînèrent dans de tels excès d’ivrognerie et de débauche, qu’ils détruisirent sa santé, et il mourut en 534. Amalasonte, pour conserver le trône après la mort de son fils, offrit de le partager avec Théodat, fils d’une sœur de Théodoric, et dernier héritier de la famille des Amales (Voy. Théodat) ; mais elle avait précédemment offensé cet homme lâche, avare et perfide, qui, dès qu’il l’eût épousée, écarta d’elle ses partisans et ses ministres, la chassa de Ravenne, en 535, la fit enfermer dans une île du lac de Bolsena, et permit à ceux qui avaient quelque vengeance à exercer contre elle, de la poursuivre et de l’étrangler. La mort d’Amalasonte servit de prétexte à la guerre que Justinien déclara aux Ostrogoths, S. S—i.

AMALECH, fils d’Eliphaz (Voy. Esaü).

AMALFI (Constance d’Avalos, duchesse d’), dame illustre du 16e. siècle, et l’une de celles qui cultivèrent alors avec le plus de succès la poésie italienne, était née à Naples, d’Ænicus, ou Innico d’Avalos, marquis del Vasto, et de Laure San Severina. Ayant épousé Alphonse Piccolomini, duc d’Amalfi, elle resta veuve de très-bonne heure et sans enfants. Sa conduite lui concilia l’estime générale. L’empereur Charles-Quint, pour preuve de la sienne, lui donna le titre de princesse. Elle mourut à Naples, vers l’an 1560. Ses poésies sont réunies dans quelques éditions, avec celles de Victoire Colonne, marquise de Pescaire ; on en trouve plusieurs morceaux dans le recueil intitulé : Rime diverse di alcune nobilissime e virtuosissime donne, raccolte per M. Lodovico Domenichi, Lucques, 1559, in-8o., et Naples, 1595, id. Dans des Dictionnaires où, en copiant tout, on estropie tout, on s’étonne que Zoppi ait oublié cette dame-poète dans sa Bibliothèque Napolitaine ; on a voulu dire Toppi. G—é.

AMALIE, (duchesse douairière de Saxe-Weimar), mérite une place dans un Dictionnaire historique, pour avoir été, pendant la dernière moitié du 18e. siècle, le centre et l’ame d’une cour, qui avait plus d’un rapport avec celle du duc de Ferrare, protecteur du Tasse et de l’Arioste. Seule, elle a rendu aux gens de lettres les services qu’ils ont vainement attendus des grands princes de l’empire germanique, en leur offrant un point de réunion et en leur donnant une existence distinguée. Mais ce n’est pas seulement comme protectrice généreuse des littérateurs et des artistes, et comme juge éclairé de leurs productions,