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arracha la Provence et le Languedoc. Gesalaïc, qui disputait le trône à son frère légitime, ayant été battu et tué, le jeune Amalaric fut reconnu, en 511, roi de tous les Visigoths, sous la tutelle de son aïeul Théodoric. Ce prince, pour se dédommager des frais de la guerre, garda la Provence, et gouverna la monarchie des Visigoths, un qualité de régent, pendant la minorité d’Amalaric. Rentré dans tous ses droits à la mort de Théodoric, le roi des Visigoths partagea ce qui lui restait dans la Gaule avec son cousin Athalaric, devenu roi d’Italie, et dont il voulait s’assurer les secours contre les fils de Clovis. On convint que le Rhône servirait de limites entre les deux empires des Ostrogoths et des Visigoths, et qu’on cesserait d’envoyer les tributs d’Espagne en Italie. Cependant, Amalaric, désirant vivre en paix avec les Francs, épousa Clotilde, fille de Clovis. Cette princesse lui apporta en dot Toulouse, qui fut de nouveau réunie à la monarchie d’Amalaric. Ce mariage semblait devoir consolider la paix entre les deux nations rivales ; mais bientôt on vit naître, entre les deux époux, une mésintelligence funeste. Amalaric voulut forcer la reine à embrasser l’arianisme, et, n’ayant pu y parvenir par les voies de la persuasion, il fit outrager cette princesse toutes les fois qu’elle se rendait à l’église ; et, furieux de la voir insensible à ces insultes, il lui infligea lui-même, par un raffinement de brutalité, des châtiments indignes et cruels. Réduite au désespoir, Clotilde fit passer à son frère Childebert, roi de Paris, un mouchoir teint du sang qu’elle avait répandu sous les coups de son barbare mari. Childebert ne demandait qu’un prétexte pour reprendre le Languedoc ; il entra avec une puissante armée dans les états de son beau-frère, qui, étant venu à sa rencontre, fut battu et tué d’un coup de lance, à Narbonne, au moment où il y rentrait pour enlever ses trésors. C’était un prince lâche, avare et cruel. En lui finit la race des Théodomes, qui régna 111 ans sur les Visigoths. Cette monarchie, héréditaire jusques alors, devint élective, et se concentra en Espagne. Theudis succéda à Amalaric. B—p.

AMALASONTE (Amalasventa), reine des 0strogoths, en Italie, était fille unique de Théodoric Ier., et d’Audefleda, fille du roi Childéric : son père lui donna pour époux, en 515, Eutharic Cilicus, qui, comme lui, était descendu de la dynastie des Amales, rois des Goths, au commencement du 4e. siècle ; mais ce prince mourut avant son beau-père, laissant un fils d’Amalasonte, nommé Athalaric, qui, à la mort de Théodoric, en 526, lui succéda sous la tutelle de sa mère. Amalasonte est accusée d’avoir empoisonné sa mère. Elle choisit, pour principal ministre et pour secrétaire, Cassiodore, romain, qui s’efforçait de communiquer aux Goths les usages et les mœurs de ses compatriotes, de leur inspirer quelque respect pour les arts, pour les lois, et pour ce qui restait encore d’une antique civilisation. Amalasonte poursuivit le plan que son père s’était tracé pour réconcilier le peuple conquis au peuple conquérant, et pour fondre les deux nations en une seule ; elle témoigna, pour les lettres et pour les lois, un respect qu’elle communiquait ainsi aux vainqueurs de Rome ; enfin, elle apporta, dans l’administration et dans ses relations avec les autres puissances, assez de vigueur pour qu’un peuple guerrier ne dût point avoir de honte d’obéir à une femme ; réparant, autant qu’il dépendait d’elle, les der-