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DANIEL (Gabriel), né à Rouen l'an 1649, entra au noviciat des jésuites de Paris en 1667, prononça ses derniers vœux en 1683 à Rennes, où il enseignait la théologie, fut envoyé à la maison professe de Paris pour y être bibliothécaire, obtint de Louis XIV une pension de 2000 liv. avec le titre d’historiographe de France, et mourut d’une attaque d’apoplexie le 23 juin 1728, à l’âge de soixante-dix-neuf ans. Sa vie fut laborieuse et marquée par un grand nombre d’écrits qu’on peut diviser en trois classes, philosophiques, théologiques et historiques. Dans la première classe on doit mettre son Voyage du monde de Descartes, publié en 1690. C’est une réfutation du système des tourbillons. Il donna, en 1696, une suite à cet ouvrage, qui fut réimprimé en 1739, 2 vol. in-12. Ses écrits théologiques sont très nombreux; ceux qui désireraient en connaître la liste peuvent consulter l’avertissement de la dernière édition de son Histoire de France, publiée par le P. Griffet. Ils ont été presque tous réimprimés dans le Recueil des ouvrages philosophiques, théologiques, apologétiques et critiques, 1724, 3 vol. in-4o. Un des principaux ouvrages de controverse théologique du P. Daniel est intitulé Entretiens de Cléandre et d’Eudoxe sur les Lettres provinciales, Cologne (Rouen), 1694, in-12. Ces entretiens furent fort loués par les jésuites, et ont été traduits en latin, en italien, en espagnol et en anglais; mais ils sont aujourd’hui aussi complètement oubliés que la réfutation qui en fut faite par D. Mathieu Petit-Didier, et la réplique anonyme du P. Daniel, intitulée Lettre de l’abbé*** à Eudoxe, touchant la nouvelle apologie des Lettres provinciales, 1699, in-12. Cependant ceux que ces querelles pourraient encore intéresser comme tenant à l’histoire de la religion et à celle de l’esprit humain, doivent lire ces entretiens après les fameuses Lettres provinciales; et s’ils ne trouvent pas que l’auteur ait repoussé tous les coups que porte aux jésuites leurs redoutable adversaire, ils resteront convaincus qu’entraîné par l’esprit de parti, le sévère Pascal a souvent aiguisé, aux dépend de la vérité, les flèches perçantes du ridicule; qu’il a exagéré la tendance dangereuse de plusieurs des passages qu’il citait, qu’il a même évidemment altéré le sens de plusieurs, soit en les traduisant d’une manière peu fidèle, soit en les isolant à dessein des discussions qui les précèdent et qui les suivent. L'ouvrage le plus considérable du P. Daniel, et celui qui a donné à son nom une juste célébrité, est son Histoire de France. Il y en a eu plusieurs éditions; la première en 3 vol. in-fol., parut en 1713, et fut dédiée et présentée à Louis XIV; mais la meilleure est sans contredit la dernière, donnée et augmentée par le P. Griffet, en 17 vol. in-4o. Paris, 1755-1760, ou 24 vol. in-12, Amsterdam, 1758. Le P. Daniel avait préludé à ce grand ouvrage par deux Dissertations préliminaires pour une nouvelle Histoire de France depuis le commencement de la monarchie, qui furent publiées en 1696. La même année, il fit paraître le premier volume de l’histoire qu’il annonçait; ce premier volume qui ne contenait que le règne de Clovis et de ses enfants, accompagné de huit dissertations, ne fut suivi d’aucun autre, parce que l’auteur se décida à ne publier cette histoire que lorsqu’elle se