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situation ; il y composa des poésies qu’on a conservées, où il consolait ses filles, rappelait sa grandeur passée, et se donnait en exemple aux rois qui osent compter sur la fortune. En lui finit la dynastie des Abadytes, qui avait régné 60 ans sur l’Andalousie. B—p.

ABAFFI ou APAFFI (Michel), fils de Georges Abaffî, magistrat à Hermanstadt, fut élu prince de Transylvanie en 1661. L’empereur Léopold, qui regardait la Transylvanie comme une barrière utile entre ses états et l’empire ottoman, avait fait élire vayvode, par la diète transylvaine, son protégé Jean Kemeni ; mais Ali-Pacha, qui commandait l’armée turque, forma le dessein de donner un antagoniste à Kemeni, et de faire nommer par les villes qui étaient restées dans les intérêts de la Turquie, un prince qui fût sous la protection immédiate de la Porte. Les députés transylvains lui désignèrent Michel Abaffi qui, par sa prudence et son courage, s’était acquis une considération méritée. Lorsque les envoyés d’Ali se présentèrent au château d’Ebestwalve, résidence de Michel Abaffi, ils le trouvèrent à peine remis des maux qu’il avait soufferts chez les Tartares qui, l’ayant fait prisonnier dans une rencontre, ne lui avaient rendu la liberté que pour une forte rançon. Il prit avec autant de fermeté que de courage les rênes d’un état dont la possession lui était disputée par un rival puissant que soutenait l’Autriche. Mais Kemeni ayant été tué dans une bataille contre les Turcs, près de Schesbourg, en Transylvanie, le 23 juin 1662, Abaffi fut reconnu dans toute la Transylvanie. La paix de Témeswar, en 1664, lui assura cette souveraineté, à la condition de payer tribut à la cour de Vienne et à la Porte. Il régna alors paisiblement sous la protection de celte dernière puissance, et acquit même les villes de Clausembourg, Zeckelheit et Zatmar. Placé entre les Polonais, les Impériaux et les Ottomans, Abaffî mit toute son adresse à ne mécontenter aucune de ces puissances ; mais croyant ensuite qu’il était de ses intérêts de soutenir les rebelles de Hongrie, il déclara la guerre à l’empereur, et justifia son agression par un manifeste latin qu’il fit répandre dans toute l’Europe en 1681. Pendant la célèbre campagne de l’année suivante il joignit ses troupes à celles de Tékéli, chef des Hongrois révoltés, et concourut à préparer les voies à Carra Mustapha pour porter le siège devant Vienne. Mais les succès du duc de Lorraine, qui se rendit maître d’Hermanstadt, et d’une grande partie de la Transylvanie, forcèrent Abaffi et les principaux Transylvains de reconnaître l’empereur, et de conclure avec son général une convention par laquelle Michel Abaffi conserva son autorité. Il régna ensuite paisiblement jusqu’à sa mort. Ce prince mourut à l’âge de 58 ans, en avril 1690, à Weissembourg. Il aimait les lettres, parlait plusieurs langues, et savait fort bien le latin. B—p.

ABAFFI (Michel), dernier prince de Transylvanie, fîls du précédent, naquit en 1677, et succéda à son père, ayant été reconnu par l’empereur Ferdinand III, qui lui donna des tuteurs à cause de sa minorité. Mais sa principauté lui fut disputée par le comte de Tékéli, allié de la Porte. Tandis que le- grand-visir Caprogli battait en 1690 l’armée impériale, Tékéli s’emparait de plusieurs places de la Transylvanie ; mais la désunion qui existait dans l’empire turc empêcha Tékéli de conserver ses conquêtes. Les Impériaux reprirent tout ce qu’ils