dans le courant de 1810, et devra un de ses principaux ornements aux matériaux que MM. de Humboldt (nobile par fratrum), ont mis à la disposition de l’éditeur. Les deux derniers ouvrages d’Adelung, fruit des travaux de sa vieillesse, quoique très-recommandables par une vaste érudition et des discussions lumineuses, n’égalent pas les premiers. Cela n’empêche pas que son Mithridate ne surpasse celui que Conrad Gessner avait publié plus de deux siècles auparavant, sous le même titre, de toute la somme des connaissances acquises en glossologie, depuis l’époque où ce savant vivait. Adelung ayant, jusqu’à sa mort, consacré quatorze heures par jour à des travaux purement littéraires, il est fort simple que sa vie n’offre aucun événement remarquable. Il ne fut jamais marié ; sa femme, disait-on de lui, c’est sa table à écrire ; ses enfants, ce sont 70 volumes grands ou petits, tous sortis de sa plume. Il aimait la bonne chère, et sa seule dépense était de se procurer une grande variété de vins élrangers ; sa cave, qu’il avait coutume d’appeler sa Bibliotheca selectissima, en renfermait de 40 espèces. Une constitution très robuste lui permettait de travailler sans relâche, et ce qui contribua sans doute à lui conserver sa santé, ce fut une gaîté franche qui le faisait rechercher de ses nombreux amis. Adelung a laissé un neveu, M. Frédéric Adelung, précepteur des grands-ducs de Russie, et anobli par l’empereur Alexandre ; il a hérité du goût de son oncle pour l’étude de sa langue, et il s’est montré digne de son nom par des recherches curieuses sur les anciens poëmes allemands qui ont passé de la Bibliothèque de Heidelberg dans celle du Vatican.S—r.etV—s.
ADEMAR, ou AYMAR, né en 988, de l’ancienne maison de Chabanais, moine de S. Cybar d’Angoulème et de St.-Martial de Limoges, se rendit célèbre dans le 11e siècle par l’ardeur avec laquelle il soutint la querelle sur le prétendu apostolat de S. Martial, d’après de faux actes récemment fabriqués. Il mourut dans un voyage à la Terre-Sainte en 1030. Sa Chronique de France va depuis l’origine de la monarchie jusqu’en 1029. Quoiqu’il n’y soit point exact pour la chronologie, et que les événements y soient rapportés sans ordre, elle ne laisse pas d’être un monument utile pour notre histoire, principalement depuis le temps de Charles-Martel. Elle a été donnée au public par le P. Labbe, dans sa Nouvelle Bibliothèque des mamuscrits, avec des retranchements et des corrections, et elle a passé depuis dans la plupart des compilations sur l’histoire de France. Le P. Labbe a encore fait imprimer Commemoratio abbatum S. Martialis, depuis 848 jusqu’en 1020, où l’on trouve plusieurs traits de l’histoire du diocèse de Limoges. On a, dans les Analecta du P. Mabillon, la grande lettre d’Ademar sur l’apostolat de S. Martial, et quelques vers acrostiches. Il avait composé d’autres ouvrages, restés manuscrits dans différentes bibliothèques. T—d.
ADENEZ (le Roi), littérateur du 13e siècle, appelé aussi Adam, du nom de son père. Il serait difficile d’expliquer le motif qui lui fit donner le surnom de Roi ; on peut cependant présumer que les couronnes poétiques qu’il reçut, étant ménestrel de Henri III, duc de Flandres et de Brabant, lui valurent ce titre fastueux. On trouve dans les manuscrits du fonds de La Vallière, plusieurs romans d’Adenez ; I. le Roman de Guillaume d’Oran-