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suppléments qui n’ont pas été donnés), est très-supérieur au Dictionnaire anglais de Johnson dans tout ce qui concerne les définitions, la filiation, l’ordre des acceptions, et surtout l’étymologie des mots ; il lui est inférieur pour le choix des auteurs classiques cites à l’appui des significations ; soit qu’à l’époque où Adelung prépara les matériaux de son travail, un grand nombre des meilleurs écrivains de l’Allemagne ne fussent pas connus, ou n’eussent pas encore l’autorité qu’ils ont acquise depuis, soit que les préventions d’Adelung pour les auteurs nés dans la Saxe supérieure, lui aient fait injustement négliger ceux dont la patrie ou le style ne lui inspirait pas assez de confiance. Il avait pris pour type du bon allemand, le dialecte du margraviat de la Misnie, et réprouvait tout ce qui est contraire à l’usage des hautes classes de la société dans cette province, et des auteurs les plus célèbres qui en sont sortis. Persuadé que les langues sont l’ouvrage des nations, et jamais celui des individus, même les plus distingués, et donnant à juste titre à l’idiome misnique, comme au plus riche et au plus anciennement cultivé de l’Allemagne, la préférence sur les autres, il oublia trop peut-être que la langue des livres est, dans ce pays plus que dans tout autre, l’ouvrage des hommes de lettres, et que le manque d’un centre politique, joint au dédain des cours pour l’idiome national, avait imposé aux écrivains la loi, et leur avait donné le droit de tirer du fonds de la langue toutes les richesses qu’il offrait, et de mettre à contribution les dialectes particuliers. L’esprit sage et méthodique d’Adelung fut sans doute effrayé de l’espèce d’anarchie et du déluge de mots nouveaux dont l’organisation sociale de l’Allemagne et les droits de création illimitée que quelques beaux génies s’arrogèrent, menaçaient la langue ; mais il ne lui rendit pas toute la justice qu’il avait d’ailleurs tant d’intérêt à lui rendre, et méconnut sa prodigieuse flexibilité, ainsi qu’une des propriétés qui lui sont communes avec le grec, celle de se prêter indéfiniment, et sans nuire à la clarté ni à la noblesse, à tous les développements avoués par l’analogie. Le traducteur d’Homère, Jean H. Voss. et Joa. H. Campe, ont vivement, et peut-être avec trop peu d’égards, reproché à Adelung les lacunes de son Dictionnaire, et sa partialité dans le choix de ses autorités ; l’un et l’autre ont promis, et déjà commencé de remédier à ces défauts, en refaisant le Dictionnaire critique de la langue sur un plan plus étendu. Celui d’Adelung a été réimprimé en 4 vol. in-4º, à Leipzig, de 1793 a 1801, avec des augmentations qui ont donné plus de prix à ce bel ouvrage, mais qui ne sont en aucune proportion avec l’accroissement des richesses et le perfectionnement de la langue durant l’intervalle de temps qui s’était écoulé depuis la 1er édition ; nouvelle preuve que les plus éminentes facultés, la plus vaste érudition et le travail le plus infatigable, ne parviennent jamais à corriger les défauts du plan d’une première ébauche. Les autres principaux ouvrages de cet homme universel , sont : I. Glossarium manuale ad scriptores mediæ et infimæ latinitatis, Halle, 1772-84, 6 vol. in-8º. C’est un abrégé du Glossaire de Ducange et des additions de Charpentier ; II. trois Grammaires allemandes; 1o. la première est un Traité sur l’origine, les vicissitudes, la structure et toutes les parties de la langue, en 2 vol. gr. in-8º,