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Mais cette question de l'avenir scientifique de la théorie de la relativité, nous l'avons indiqué dans notre préface, n'est point, à proprement parler, de notre sujet. Ce que nous devons constater, par contre, c'est cette marche constante de l'Idée, dans le sens platonicien du terme, qui, en dépit des démentis incessants que lui inflige le réel, tend à s'imposer à notre conception de ce réel à le contraindre par la force à entrer, comme l'a dit Platon en parlant de son démiurge, dans ce monde du Même, qui semblait cependant si peu fait pour le recevoir et qui, dans une certaine mesure, réussit cette entreprise invraisemblable. Cette marche ressemble d'ailleurs à celle dont, selon Hegel, l'histoire humaine nous présenterait l'image, puisque cette histoire devait consister essentiellement dans la traduction d'idées en événements concrets, par les hommes et les peuples chargés, à leur insu, d'en assurer la mise en oeuvre. Seulement, nous pouvons ici, grâce à la précision plus grande des conceptions scientifiques et à la lumière que leur évolution permet de projeter sur leur nature intime, indiquer avec plus de clarté ce qu'était cette idée au moment où elle ne se manifestait point, où elle logeait, pour être plus explicite, alors que, dans la science, elle subissait une éclipse.

Elle était logée, tout simplement, dans l'esprit du chercheur. Le physicien de la première moitié du XIXème siècle paraissait convaincu de la diversité essentielle des forces de la nature, de même que le chimiste l'était de celle de ses éléments. Mais au fond