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l'immensément grand comme l'infiniment petit, maintenir la spécificité infinie du phénomène réel et réduire néanmoins tout le réel à l'espace, à la géométrie, à une géométrie, il est vrai, extrêmement complexe et dont Descartes n'avait aucune idée.

Est-ce, cette fois, l'instauration définitive? Qui peut le dire? Les relativistes, certainement, paraissent fortement enclins à la considérer comme telle. Mais c'est là une croyance à laquelle, nous l'avons fait ressortir, il est facile de trouver un parallèle à d'autres époques et à propos de conceptions toutes différentes.

On peut d'ailleurs aisément constater dans le détail à quel point la tendance apriorique en général, précisément à cause de sa grande vigueur intrinsèque, est créatrice d'illusions. Bornons-nous à un exemple unique, que nous choisissons encore dans le domaine de la chimie. C'est, à n'en pas douter, la croyance à l'unité de la matière qui fut responsable de la croyance, universelle pendant de longs siècles, à la transmutation des métaux. On était fermement convaincu que cette supposition était confirmée par l'expérience. Or c'était là, nous le savons, une erreur grossière. On pourrait, il est vrai, en douter si l'on s'en réfère à certains exposés populaires des découvertes récentes, où celles-ci sont représentées trop souvent comme impliquant une confirmation pure et simple des opinions des alchimistes. Cela est exact en un sens, c'est-à-dire si l'on s'en tient à la conception générale sur laquelle était basée l'alchimie. Mais en ce qui concerne la possibilité des transmutations, telles qu'on les concevait alors, la situation est tout autre. L'énergie intra-atomique est d'un ordre à tel point supérieur