Page:Meyerson - La déduction relativiste, 1923.djvu/300

Cette page n’a pas encore été corrigée

de mouvement de dissoudre finalement le réel tout entier en des concepts purement géométriques.

Constatons maintenant à quel point cette évolution, analogue pour la gravitation et les autres forces de la nature, ressemble à celle que nous avions retracée en ce qui concerne les conceptions chimiques. Car là aussi le concept synthétique rationnel fut affirmé d'abord parce qu'on méconnaissait la spécificité des phénomènes, abandonné quand on eut conscience de cette spécificité et, finalement, rétabli à la suite d'un travail long et pénible.

1. A. Comte, "Cours", t. III, p. 152, et "Politique positive", Paris, 185l, t. I, p. 528.

Que si maintenant nous nous demandons ce qui a permis ce retour, ce qui a fait que la science a l'air d'avoir en quelque sorte changé de direction, puisque, s'efforçant tout d'abord à saisir les phénomènes en leur diversité, elle cherche ensuite à abolir cette même diversité, il est certain que nous devrons mettre en cause, en premier lieu, des constatations expérimentales. En effet, c'est évidemment parce que l'on a établi, entre les propriétés des éléments, des rapports multiples, rapports que Mendeléieff a résumés dans son « système périodique » et qui ont été confirmés par la découverte de Moseley, et que, d'autre part, l'on a constaté, en étudiant les corps radioactifs, que des substances se transformant les unes dans les autres se comportaient cependant, à tous autres égards, comme de véritables éléments chimiques, que la conception de l'unité de la matière a pu triompher en chimie. Et de même c'est le fait que Hertz a pu démontrer expérimentalement que des ondes électriques se comportaient absolument comme des ondes lumineuses, qui a amené finalement l'identification de la lumière et de l'électricité,