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qu'il a traités comme étant de même espèce étaient chacun affectés d'un qualificatif approprié.

Et de même le physicien substituera dans ses calculs, sans le moindre scrupule, une énergie de nature électrique à une autre de nature purement mécanique, tout en restant parfaitement convaincu que ce sont choses fort différentes. Mais quand il s'agit non pas de déductions partielles, sporadiques, limitées, mais d'une déduction embrassant l'ensemble des phénomènes physiques, d'une déduction globale en un mot, la situation n'est plus la même. Car cette déduction, si elle s'opère dans le domaine de la science, ne peut, nous le savons, être que spatiale. Et dès lors il est évident que ce que l'interprétation ici ajoutera au nombre abstrait devra être également de nature purement spatiale, géométrique; s'il ne l'est point, il sera impossible de le faire entrer dans une telle déduction, il constituera à son égard un élément étranger, hostile, qui tendra à en détruire les fondements mêmes. C'est là ce qui s'est produit pour le concept de force newtonien. Il est certain qu'en posant l'existence de la force dans le sens newtonien, nous cherchons, plus ou moins consciemment, à mettre ce concept d'accord avec celui d'espace, voire à montrer qu'il dérive de ce dernier. Ainsi nous avons l'habitude de nous représenter la force comme s'épandant en quelque sorte (à peu près comme le fait la lumière) sur des surfaces sphériques successives, et l'on déduit, de cette image, la loi du carré de distance. Et de même, nous nous figurons volontiers la force comme une droite, et un centre de forces comme un point entouré d'une sorte de gigantesque toile d'araignée. Mais il est tout aussi avéré que ce sont là artifices boiteux, que nous sommes parfaitement incapables de concevoir une cause