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optiques, caloriques, etc., à celle dont les physiciens (et lui-même dans ce nombre) ont traité des phénomènes chimiques. Mais l'on se rend compte, cependant, qu'il s'y manifeste un peu du même esprit. L'on ne peut, en effet, n'être pas frappé, en parcourant les exposés, par ailleurs si admirables, du Monde ou des Principes, du peu d'importance que leur auteur semble attribuer à la spécificité des phénomènes dont il s'occupe. Sans doute cherche-t-il, dans une certaine mesure, à en tenir compte, par exemple par la superposition de ses diverses matières élémentaires; mais cela représente encore, à notre point de vue actuel, fort peu de chose. Il ne sera certainement pas exagéré de dire que Descartes fait son possible pour ne pas apercevoir cette spécificité, qu'il l'écarte en quelque sorte délibérément de son champ visuel. Et c'est là évidemment ce qui, en définitive, lui permet de procéder à sa construction du réel, de le mathématiser, comme il le fait, en le résolvant dans l'espace. Il y a là une circonstance fort importante à notre avis et qui mérite, de ce chef, d'être un peu approfondie.

M. Borel, en exposant les principes de la mécanique einsteinienne, observe que nous pouvons regarder la force centrifuge qui se produit à l'équateur terrestre comme une propriété de l'espace et du temps, car la rotation de la terre, phénomène physique, se traduit mathématiquement par des formules où interviennent le temps et l'espace (1). Cela est absolument juste, et cela nous explique comment Descartes a pu parvenir à son but, sans mettre en oeuvre aucune des ressources qu'offre à M. Einstein une analyse mathématique transcendante. Il a suffi, pour ce faire, que, convaincu que dans la nature