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Le savant ne sait point le but véritable que poursuivent ses déductions, il reste, tout au contraire, fermement convaincu que, loin de viser à la destruction du réel, il en confirme constamment, par ses travaux, l'existence, en en rendant la représentation plus solide, parce que plus cohérente, mieux d'accord avec elle-même en toutes ses manifestations. Et nous avons vu, au cours du présent travail, à quel point un examen des conceptions relativistes confirme cette manière de voir.

L'existence, dans l'esprit du savant, de ce ressort puissant, dont l'action constante lui reste cependant cachée à lui-même, fait que toute conception scientifique un peu générale obéit à cette inspiration.

C'est que toute explication scientifique n'est et ne peut être que de la menue monnaie de rationalité, et qu'en accumulant ces explications on reconstitue, qu'on le veuille ou non, la somme entière. C'est ce qui fait que toute théorie physique qui prétend embrasser un domaine quelque peu considérable apparaît facilement comme « philosophique » et que, du reste, comme on peut s'en convaincre par l'étude de l'évolution de ces conceptions, les auteurs et les partisans de ces nouveautés sont fréquemment traités, par leurs adversaires, de "métaphysiciens", ce terme, comme l'adjectif que nous avons mis entre guillemets, prenant alors nettement, dans la bouche des savants, un sens péjoratif. Mais la science a beau s'en défendre, cette "philosophie", cette "métaphysique" font partie intégrante d'elle-même, elles sont la chair de sa chair, et vainement elle chercherait à les arracher de son sein. D'ailleurs, si