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desquels nous mentionnerons surtout à cette place les livres de Lange, de Stallo, de Hannequin et de M. Duhem[1].

Mais, avant d’entrer dans le fond de la question, formulons une restriction : nous ferons d’abord abstraction, dans le courant du chapitre qui va suivre, de la phase la plus récente des conceptions théoriques, qui est celle des théories électriques, et nous nous contenterons d’envisager l’ensemble des hypothèses sur la constitution de la matière telles qu’elles paraissaient dominer la science il y a peu d’années. Notre principale raison pour procéder ainsi, c’est que les nouvelles théories électriques, se trouvant encore, dans une grande mesure, en voie d’élaboration, offrent par cela même, à notre point de vue, un sujet d’études moins propice que leurs aînées, les théories mécaniques, plus avancées au point de vue de leur évolution. Au surplus, ce n’est qu’avec une exagération évidente qu’on pourrait traiter cette phase de la science comme appartenant entièrement au passé. Beaucoup de physiciens, parmi les plus autorisés, protesteraient sans doute contre une telle prétention. Les uns, parce qu’ils n’acceptent pas ou n’acceptent que très incomplètement les idées nouvelles ; les autres parce que, tout en adoptant ces théories, ils les considèrent, plus ou moins consciemment, comme une simple étape : on ramènera bien, momentanément, toute la diversité des phénomènes naturels, y compris ceux de la mécanique, à l’électricité, mais plus tard l’électricité elle-même se trouvera expliquée par une modification encore indéterminée du milieu hypothétique, une sorte de tension locale qu’évidemment on voudrait faire apparaître comme purement mécanique.

Ce n’est qu’après avoir étudié les théories proprement mécaniques que nous passerons à l’examen de l’hypothèse électrique, examen qui, nous l’espérons, tendra à confirmer les résultats précédemment acquis.


  1. J. B. Stallo. La matière et la physique moderne, 3e éd., Paris, 1899. Nous avons déjà cité les titres des autres ouvrages.