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in praecedentia, hoc est contra motum centri reflectens. Sicque ambobus invicem aequalibus fere et obviis mutuo evenit, ut axis terrae, et in ipso maximus parallelorum aequinoctialis in eamdem fere mundi partem spectent, ac si immobiles permanent. (De revolutionibus orbium cœlestium. Thorn, 1873, chap. xi, p. 31.)

Ces théories ne constituent pas une preuve absolue : nous avons vu, en effet, que Descartes lui-même n’a pas toujours traité correctement du mouvement de rotation des planètes. — Copernic ne s’est pas occupé directement de mécanique ; il n’a parlé des phénomènes du mouvement des corps terrestres que pour expliquer leur rapport au mouvement de la terre elle-même. Nous allons donc nous demander d’abord quel est l’énoncé dont il avait besoin pour sa théorie.

À ce point de vue, les opinions de Nicolas de Cusa, que nous avons résumées dans le texte, nous sont d’un précieux secours. Sans doute, Cusa n’était qu’un simple précurseur ; il y a loin de ses vagues affirmations à la claire théorie des mouvements planétaires formulée par le grand Polonais. Il n’en reste pas moins que Cusa avait envisagé la possibilité d’un mouvement de la terre. Bien entendu, en ce faisant, il avait conscience de heurter de front la conviction résultant de notre sensation immédiate pour laquelle la terre est quelque chose de stable. Comment s’y prenait-il donc pour écarter cette grave objection ? Il faisait valoir l’exemple du navire qui, à ceux qui se trouvent à bord, semble immobile, s’ils ne voient pas les rives. À première vue, on dirait qu’il y a là notre principe d’inertie tout entier. Mais il faut prendre garde : pas plus que Sextus Empirions, Cusa n’indique que son énoncé soit limité au mouvement rectiligne et uniforme. Au contraire, dans son idée, il s’appliquait certainement à tout mouvement quel qu’il fût. Si nous devions en préciser la teneur, nous le formulerions à peu près en ces termes : il est impossible de conclure, par la sensation immédiate ni par l’observation de phénomènes mécaniques, si un corps est en mouvement ou non. C’était donc un énoncé en quelque sorte purement négatif, déclinant simplement, pour la théorie du mouvement terrestre, le contrôle de la mécanique — négation assez explicable, en somme, si l’on pense à ce qu’était la physique de ce temps, entièrement soumise au péripatétisme. Mais il est clair qu’une proposition ainsi conçue ne pouvait servir à grand’chose en mécanique et qu’il était notamment impossible d’en déduire la décomposition du mouvement du jet, laquelle a été le vrai point de départ du principe d’inertie. C’est ce qui explique que Cusa, quand il a conçu le mouvement persistant dans un plan horizontal, ne l’a aucunement rattaché à sa conception de la relativité du mouvement.

Tout indique que Copernic, à ces divers points de vue, professait des opinions analogues. De même que Cusa, il se sert de