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adopté comme fondement de sa théorie un concept immuable dans le temps, une constance. Enfin, il est très curieux d’observer à quel point dans ce système, tout comme dans la théorie atomique, le principe de Carnot apparaît comme une anomalie[1]. M. Ostwald, nous venons de le voir, a cherché à tourner la difficulté en supposant que les autres « capacités » ne se conservent peut-être pas non plus. Mais, en réalité, la logique de son système exige plutôt une assimilation en sens inverse : c’est l’entropie qui devrait se comporter comme la masse et la quantité de mouvement, et se conserver indéfiniment. En d’autres termes, l’accroissement de l’entropie étant le grand ressort du changement, il ne devrait pas y avoir de modification dans le temps. C’est bien, nous l’avons vu, la formule de toutes les « explications ». Peut-être même trouvera-t-on qu’à ce point de vue les théories cinétiques sont encore supérieures à celle de M. Ostwald. Il est certes moins paradoxal de vouloir expliquer le principe de Carnot par la statistique que de chercher à établir une analogie entre la masse et l’entropie.


  1. M. Ostwald (Vorlesungen, p. 281) le qualifie d’ « irrégularité dans notre image du monde ».