termes que nous cherchons à éliminer le temps de nos formules.
C’est ce qui fait que la formule de la loi en fonction du temps, quoique la plus naturelle en vue de la prévision, se trouve rarement dans la science, d’autant plus rarement que la science est plus « rationnelle » : en observant, en expérimentant et surtout en raisonnant sur nos observations et nos expériences, nous sommes dominés par le souci constant et puissant de la cause, c’est-à-dire de la conservation des objets dans le temps.
Nulle part, peut-être, cette tendance ne se manifeste avec autant d’évidence que dans le développement de la chimie. Voici un corps qu’on appelait au xviiie siècle la chaux de mercure ou le mercure précipité per se. Nous le chauffons et nous apercevons que des gouttelettes d’un corps liquide, métallique, se forment dans le col du vase. C’est, nous disent les chimistes, que le phlogistique, s’unissant à la chaux, a formé une matière que nous appelons le mercure métallique et qui est de la chaux de mercure phlogistiquée. Le fait qu’on découvre que la réaction est accompagnée de l’apparition d’un gaz, ne modifie pas essentiellement les explications ; les « phlogisticiens » et, parmi eux, l’auteur de la découverte, Priestley, considèrent ce phénomène comme secondaire et formulent à ce sujet des hypothèses auxiliaires.
En quoi consistait « l’explication » en question ? Vous voulez savoir, disait-on, pourquoi ce corps rouge et poudreux devient métallique ? C’est que le phlogistique qui s’y est adjoint a le pouvoir de donner au corps précisément ces qualités métalliques. Sans doute le phlogistique ne manifeste pas toujours ces qualités : c’est qu’il se trouve parfois dans un état particulier ; mais dès qu’il s’unit à certaines substances, ces qualités éclatent. Le phlogistique, qui préexistait, s’est simplement déplacé en allant du feu à la chaux de mercure. Nous pourrions résumer cette explication en la présentant sous forme d’une équation :
À la vérité, les phlogisticiens ne posèrent pas cette équation. L’usage des équations chimiques étant un peu postérieur. Mais elle n’en traduit pas moins leur pensée et les chimistes mo-