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introduction

péri en bataille[1]. C’est donc une troisième génération qui entre en ligne. Il en est à peu près de même du côté de Girart. Ses cousins, ses alliés, Boson, Gilbert, Seguin, Bernart, Bégon, Landri, Fouchier, ont, les uns après les autres, trouvé la mort en combattant pour lui. Jusqu’ici, rien que de très naturel. Mais le rôle assigné aux survivants de tant de batailles l’est très peu. On va voir qu’il est fort mal approprié à leur âge Tout d’abord récapitulons les années qui se sont écoulées depuis le commencement du poème. Le temps compris entre la grande scène par laquelle débute le poème et la bataille de Vaubeton, qui termine la première guerre, ne peut être exactement calculé : les éléments font défaut. Négligeons-le. Mais la paix conclue à la suite de cette bataille dure autant que l’exil du duc Thierri, c’est-à-dire cinq ans (§§ 189 et 199). La guerre recommence à la suite du meurtre de Thierri et dure au moins le même nombre d’années (§ 416). Nous voilà à dix ans. Il y faut ajouter les vingt-deux ans passés par Girart et sa femme en exil (§ 534)[2]. Il y a donc, à tout le moins, trente-deux ans que Charles et Girart ont épousé les deux filles de l’empereur de Constantinople. Dans ces circonstances, nous voyons Elissent exercer sur son royal époux et sur les seigneurs de sa cour un pouvoir illimité, en employant des moyens qui conviendraient à une jeune reine. Lorsqu’elle a réussi, par d’habiles combinaisons, à amener la défaite des enne-

  1. Voy. p. 254, n. 1.
  2. D’après la vie latine, qui, sur ce point, peut s’être conformée à l’ancien poème, l’exil de Girart n’aurait duré que sept ans. Mais, même en tenant compte de cette différence, les faits qui vont être rapportés cadrent bien mal avec les données antérieures du poème.