Girart reçoivent de tels renforts qu’ils l’emportent sur les royaux, et les refoulent dans la cité. Le roi en était sorti, très contrarié de ce qu’on eût commencé l’attaque sans ses ordres. Il avait le haubert vêtu, le heaume lacé. [Il était monté sur un cheval bien caparaçonné[1].] Il crut maintenir ses hommes, mais ils le dépassèrent[2] ; Bavarois et Allemands le rencontrèrent, lui tuèrent son cheval, le jetèrent bas. Si Fouque n’était survenu, c’en était fait de lui.
625. Fouque est venu là à force d’éperons ; mille chevaliers le suivent par le champ. Il mit pied à terre auprès de Charles et lui présenta Bauçan, le cheval de Barcelone ; le roi mit le pied à l’étrier et prit l’arçon. Fouque lui tint l’étrier et la courroie, et l’emmena en sûreté[3]. Girart fit ame-
- ↑ Dans P. seul (v. 8229).
- ↑ Dans leur mouvement de retraite.
- ↑ Fouque ne fait nullement le roi prisonnier : il le fait échapper en lui donnant son cheval. Il se comporte à son égard comme aurait pu faire un de ses vassaux. Il est en effet de droit que le vassal est tenu, « s’il trouve son seignor en besoin d’armes, a pié entre ses ennemis... de faire son loial pooir de remonter le et de rejeter le de celui peril. Et, se il autrement ne le puet faire, il doit doner son cheval ou sa beste sur quoi il chevauche, se il la requiert, et aidier a le metre sus et aidier le a son pooir a son cors sauver ». (Assises de Jérusalem, ch. 197, cité par Du Cange, III, 287 b.) Les légendes ont conservé maint exemple de ce dévouement ; voy., par ex., Charroi de Nîmes dans mon Choix d’anciens textes, p. 251, et dans les Archives des missions, 3e série, I (1873), p. 557, l’analyse faite par M. Neubauer
où force signifie à l’origine forfex, sorte de grands ciseaux avec lesquels on tondait les prés, voy. les textes que j’ai cités à ce propos. Revue critique, 1868, II, 319, auxquels on peut ajouter les contes en latin rapportés par E. du Méril, Poésies inédites du moyen âge (1854), pp. 154 et 452. Mais, de bonne heure, on confondit « force » venant de forficem, avec « force » signifiant vis, et dès le commencement du xiiie siècle, sinon plus tôt, on trouve le proverbe « la force paît le pré » traduit par vis pascit pratum (voy. mes rapports, dans les Archives des missions, 2e série, V, 177, ou p. 173 du tiré à part). La même confusion a amené ici la fusion des deux proverbes « force passe droit » et « force paît le pré ».