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girart de roussillon

le comte Odon et par Baudouin[1]. Ils sauront faire éprouver des pertes à leurs ennemis.

582. Fouque était habile et exercé à la guerre, et réputé pour savoir conduire une charge. Il montait un cheval grand, fort et fougueux, et il avait un cœur intrépide et ardent. Il frappe Oudin à qui il en voulait. Il lui porta un tel coup sur l’écu, sous le bras, qu’il lui brisa le bras droit[2]. Puis il en porte à terre trois autres, et, revenant vivement vers Oudin, il le fait relever de l’endroit où il gisait. La charge continue sur les autres. Bertelais prit Aimon, Bertran prit Daumas, celui à qui étaient Noyon et Montclaré. On ne se forma point en bataille et la poursuite ne cessa pas. Ceux qui échappèrent trouvèrent leur salut dans la fuite. Ils ont pris quatre comtes, non pas des comtes palatins[3], et cinq cents chevaliers des plus prisés. Les autres échappèrent grâce aux bois et aux haies, abandonnant leurs armes et leurs chevaux, qu’on n’eut que la peine de prendre tout sellés. Maintenant les vainqueurs peuvent aller sûrement, sans craindre les menaces.

583. Bertelais dit à Fouque : « Je vous demande une faveur, dont tout votre monde a grand besoin : vous prendrez vos logements chez moi, vous et vos hommes, sergents, bourgeois, chevaliers. — Est-ce que vous avez prévenu ? » (dit Fouque.) — « Oui, depuis hier. Cette nuit, le fils de Fouchier[4] les hébergea et leur donna hospitalité pleine et entière. Les prisonniers furent placés sous sa garde, et sa femme s’occupa d’Aupais. Le lendemain, il leur fait de nouveau servir à dîner, et, protégés par une arrière-garde, ils allèrent sans encombre à Roussillon.

  1. Cf. § 566.
  2. L’idée n’est pas exprimée très clairement dans le texte, mais on voit au § 612 qu’Oudin fut en effet blessé au bras.
  3. C’est-à-dire des comtes ayant des comtés. Les comtes palatins étaient des juges royaux, rendant la justice pour le roi, et principalement dans les affaires où le roi était intéressé ; voy. la quatorzième dissertation de Du Cange sur l’Histoire de saint Louis.
  4. Bertelais, voy. § 566.