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girart de roussillon

de sages avis, leur adresse des remercîments, des saluts, des paroles gracieuses : « Francs hommes bien nés, bons et vaillants, puisqu’une telle compagnie est venue ici pour moi, puisse Dieu me donner d’agir pour votre avantage ! » Et tous sont dans l’allégresse à cause de lui : « Sire comte, qui t’amène ? — Aupais, ma mie, qui m’a tiré de prison, qui a protégé mes jours. — Et où est-elle ? — En ce bois, sous la chênaie. On me fait grand honneur en la complimentant. Mais Oudin nous poursuit, avec la troupe qu’il a rassemblée, et gardez-vous de faire du bruit ni de vous montrer, jusqu’à ce que vous ayez entendu le son d’un cor. Alors sortez et emparez-vous du grand butin qu’Oudin — qu’il en soit remercié ! — nous apporte ici. »

577. Après leur avoir ainsi parlé, après qu’ils l’eurent tous ensemble assuré qu’il peut compter sur eux dans la bataille, Fouque est sorti du bois avec les quatre fils de Droon, preux et loyaux chevaliers, et ils se dirigent vers la rivière par un vallon. Sur l’autre rive, ils virent les troupes royales. Il y avait là, sur un coteau, mille chevaliers, Bertran vint au devant d’eux, sur la route ; et Fouque lui mande par le sénéchal qu’il fait grand tort en les empêchant de passer : c’est lui enlever tout le profit de cette journée[1]. « Je n’attendais que votre arrivée, » répond Bertran.

578. Bertran occupe le passage avec ses neveux. Il cria à Oudin. « Retourne-t-en, comte Oudin, tu feras sagement ; et, si tu passes le gué, ce sera pour ton malheur, car nous avons un aguet sous bois. — Je fais de vous autant de cas que d’une noix, » répond Oudin, « je vous déconfirai et vous ferai tous prisonniers. »

    ce mot paraît avoir constamment en anc. fr. le sens de « gens de pied » ; « Triginta millia peditum » est rendu dans l’ancienne traduction des Rois, I, iv, 10, par « trente milie de gelde ». Il s’agit ici des milices bourgeoises auxquelles Girart a fait appel au § 559, et qui sont mentionnées sous le nom de peon (fantassins) aux §§ 566 et 573.

  1. Bertran cherchait à empêcher la lutte ; voir plus loin, § 605.