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introduction

§ 3. — L’ancienne chanson de geste comparée à la chanson renouvelée.

Prenons maintenant comme terme de comparaison la chanson renouvelée, et résumons les récits qu’elle nous offre. Il est incontestable que tous les traits que ces récits auront en commun avec la vie latine devront être considérés comme appartenant originairement au poème primitif d’où ils seront passés à la fois dans la vie latine et dans le poème renouvelé.

L’histoire des luttes de Girart et de Charles, que nous offre le poème renouvelé, se divise assez bien en trois parties qui correspondent fort exactement aux trois récits épiques de la vie latine qui, toutefois, ne se présentent pas dans le même ordre.

I (§§ 38-189). La guerre éclate pour un motif qui n’est nulle part clairement exprimé[1]. Charles s’empare du château de Roussillon par trahison. Girart le reprend. Bataille de Vaubeton à laquelle met fin un orage épouvantable accompagné de signes merveilleux. Les deux armées se séparent et la paix est conclue à cette condition que le duc Thierri d’Ascane (d’Ardenne ?) sera exilé pendant cinq ans.

II (§§ 190-549). La paix dure tout le temps que Thierri reste en exil. Mais à son retour, il est tué en trahison par des cousins de Girart. Charles rend Girart responsable de ce meurtre. La guerre dure au moins cinq ans (§ 416). Girart battu, abandonné de presque tous les siens, est réduit à se cacher, et, pendant vingt-deux ans (§ 534), il exerce le métier de charbon-

  1. Au § 38, le poète suppose que les bons sentiments de la reine pour Girart avaient excité la jalousie du roi. Mais ce motif ne reparaît plus nulle part.