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girart de roussillon

froi, les trois fils d’Aimon, les quatre d’Aimeri, qui tenait Noyon[1], et en dernier lieu Bernart, qui s’était joint à eux, excitent le roi contre le duc : « Ah roi ! quelle indignité tu fais ! Les Bourguignons ont tué nos pères, et voilà tu retiens Girart pour ton homme et lui fais pardon ! — C’est la reine, seigneurs, qui me l’a fait faire ; mais il n’est pas mon homme et ne l’a pas été depuis qu’il m’a tué de mes gens. » Le premier parla Oudin[2], qui tint Medon et trois cités le long de la mer et Port-Andon : « Votre nièce la rousse au talon contrait, la fille de Thierri, le riche baron, elle qui vous demanda Fouque, parce que les frères de celui-ci avaient tué Thierri en trahison[3], nous crûmes qu’elle se vengerait sur lui ; mais loin de là, elle en est devenue amoureuse à ce point qu’elle s’est enfuie avec lui à Oridon, en une tour bien haute, au sommet d’une colline située dans la forêt d’Ardenne sur l’Argençon[4].

  1. Andefroi, Aimeri, Aimon sont les neveux (§§ 107, 213) ou les fils (§ 184) du duc Thierri d’Ardenne ; les deux premiers ont péri dans les guerres contre Girart, voy. §§ 395, 396. Aimeri est, en effet, qualifié de seigneur de Noyon au § 107.
  2. L. Oldins, Oxf. Liudins ou Hudins, P. (v. 7074) Augiers. Cet Oudin, qui n’a pas encore paru dans le poëme, jouera bientôt un rôle considérable. Il était neveu de Thierri, voy. § 611.
  3. C’est la première fois qu’il est question de cette circonstance.
  4. Oridon est connu d’ailleurs, bien qu’on n’en ait pas déterminé la position. Auberi le Bourguignon a pour ennemi, dans la chanson qui lui est consacrée, un « Lambert d’Oridon » qui avait, dit le poëme

    ...................grant terre a justicier
    Et Oridon qui siet sur le rocher
    Dedens Ardenne, le boschaige plenier.

    (Tobler, Mittheilungen ans Altfranzœsichen Hondschriften, 1870, p. 253.)

    Ce Lambert avait pour père, selon la même chanson (p. 255), Tiebert d’Orion. Orion et Oridon paraissent être deux formes, la seconde plus archaïque ou plus méridionale, du même nom. Dans Gui de Nonteuil paraît un traître appelé Tibaut d’Orion, dont le château paraît offrir