et des armes, jusqu’à un terme fixé, alors qu’il aura fait pénitence pour tous ses péchés ; et il lui donne part, tant qu’il vivra en ses bonnes œuvres[1]. En partant, Girart pleura, et l’ermite les signa, les bénit et leur enseigna la route par la forêt antique. Avant qu’ils en fussent sortis, ils rencontrèrent des marchands. Girart leur demanda d’où ils étaient : « Sire, de Paris, et nous venons de Bavière et de Hongrie. — Quelles nouvelles du roi Oton[2] en ce païs ? » Ils répondirent : « Sire, il est mort ; Charles, le roi de France, a envoyé des messagers au sujet de Girart le duc, s’il arrivait dans ces parages. « Et la dame, à ces mots, s’épouvanta : Girart est mort, je l’ai vu mettre en terre. — Dieu en soit loué ! » répondent les marchands, « car il faisait toujours la guerre et par lui nous avons souffert bien des maux ! » Et Girart, entendant parler ainsi, se rembrunit, et, s’il avait eu son épée, il en aurait frappé l’un d’eux. Béni soit le saint homme qui lui interdit les armes ! Les marchands le racontèrent en France, la France de Louis[3], et Charles en fut rempli de joie.
522. Les marchands contèrent en France, chez eux, que Girart était mort tout nouvellement. Le roi en eut grande
- ↑ Mot à mot : « Il l’admet en son bienfait. » « Benefactum, societas monachica qua quis particeps fit orationum et bonorum operum monasterii », Du Cange.
- ↑ Le nom du roi Oton ne se trouve dans aucun de nos mss., qui sont tous corrompus à cet endroit, mais la bonne leçon peut être rétablie à l’aide du roman français ; voir mon Recueil d’anciens textes, p. 60.
- ↑ Ce Louis doit être le roi dont il est question ci-dessus, §§ 101, 107, 155, comme appartenant à une génération antérieure. Si on adoptait la leçon de P. (v. 6617) : « Ceux-ci le dirent en France au roi Louis », il faudrait considérer le roi comme actuellement vivant, ce qui serait difficile à concilier avec les données générales du poëme. Je suis la leçon d’Oxf., et je pense que la France de Louis est la France centrale et occidentale, par opposition à la France orientale, celle de Lothaire. La leçon de L., lo rei de Sant Denis, est sans valeur.