Groin. Là nos sept Bourguignons rencontrent dix Lorrains. Ne croyez pas qu’ils demeurent inactifs : les lances voleront en éclats.
503. Girart les a vus le premier à ce gué : il s’est tourné vers les siens et leur a dit : « Seigneurs, voici des ennemis séparés de l’armée. Jamais nous ne les trouverons aussi peu nombreux ; je vous en prie, chargeons-les ! — Vous parlez bien, » disent les Bourguignons. Ils laissèrent les dames[1] sous un chêne, et se sont avancés, couverts de l’écu. Vous pourrez entendre le récit de cette affaire depuis le commencement. Jamais attaque ne fut menée plus vaillamment.
504. Lorrains et Bourguignons se sont reconnus : ils ne s’adressent ni parole, ni salut, mais là où ils se rencontrèrent, ils se sont frappés. Girart se mesure avec Hugues de Valchenu : il lui donne un tel coup de lance, qu’il l’étend mort sur le pré herbu. Ses compagnons, de leur côté, ont si bien fait, qu’ils ont tué cinq des Lorrains, et abattu quatre, et parmi ceux-ci il n’en est pas un qui ne soit blessé ou n’ait eu des cheveux coupés au ras de la tête.
505. Lorsque les Bourguignons, pleins de fureur, se mesurèrent avec les Lorrains, il y avait parmi eux un nommé Séguin, homme de Girart, qui, d’un coup d’épée, fit voler la tête à Aimar[2]. Les Lorrains tournèrent le dos, et les Bourguignons les poursuivirent l’épée dans les reins, en tuèrent cinq et en prirent quatre.
506. La poursuite dura jusqu’à une colline. Guinemar fuyait par une vallée ; il trouva vingt hommes de l’armée royale ; à leur tête se trouvait un comte Giraut, frère de Hugues, du champ mortel[3]. Giraut lui crie : « Arrêtez, et donnez-nous des nouvelles. — Sire, nous avons rencontré